La version originale savait pourtant bien garder cette tension intérieure : T’choupi fait part à doudou de son questionnement, il énumère, et pratique une belle hyperbate en ajoutant le camion alors que les voitures et les livres semblaient suffire (c’est une hyperbate mobile). pic.twitter.com/vNvW1HElDW
— Hieronyme 🍊 (@hieronymusminor) June 26, 2024
Et voilà que la nouvelle version supprime toute interrogation au nom d’une triste certitude, et qu’elle supprime le premier « et », réduisant à rien l’hyperbate, oralement du moins. Reste une virgule en trop, mystérieusement, d’une version à l’autre. N’est pas Proust qui veut. pic.twitter.com/cUwQZtVYUn
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Et voici le nœud du récit : T’choupi va se cacher sous un drap en train de sécher pour se faire une cabane. Simple, non ? Et pourtant, c’est là qu’est tout le drame de notre histoire, ce à quoi aucune absurdité ne nous avait encore préparé dans cette fièvre correctrice. pic.twitter.com/HEvmdaMnOy
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Regardez donc : comment Tchoupi pourrait-il décemment « faire » une cabane avec des pinces à linge quand il est si manifestement trop court pour atteindre les fils, même debout sur son camion ? On voudrait faire gober ça aux enfants ? Juste en changeant la couleur des pinces ? pic.twitter.com/SOXmLXtHbD
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Oui, il faut le reconnaître, le titre du livre est ambigu : faire une cabane, est-ce « faire » une cabane ? Ou faire, d’un abri improvisé, une cabane ? Autrement dit, est-ce une création ex nihilo, ou bien la seule puissance du Verbe fait-elle d’un drap une demeure ?
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L’auteur a hésité, s’est repris, a agrandi T’choupi sur la couverture pour faire passer la pilule et a cherché à « retcon » une histoire qui ne demandait rien avec à peine plus de subtilité que Disney faisant irruption dans l’univers de Star Wars.
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Que dire de plus ? La suite maltraite encore le caractère de T’choupi : le garçon décidé, qui donne des consignes à Doudou et annonce ce qu’il va faire, devient un enfant qui doit composer avec les souhaits de Doudou et ne sait plus se projeter vers l’avenir. pic.twitter.com/iKh8nwP5xv
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Passons sur la double page suivante, qui se sent tenue d’ajouter un encart temporel comme dans les vieux films en noir et blanc, comme si l’ellipse du montage n’était pas beaucoup plus suggestive : combien de temps s’est donc écoulé ? Le rappel au réel est bien plus dramatique. pic.twitter.com/69XU5lygqR
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L’avant-dernière double page est un drame sans fond. À qui faut-il donc expliquer le rôle du caillou ? Et surtout, quelle perte de supprimer cette voix hors-champ, dans le dos de T’choupi, qui réintroduit sans prévenir les parents ! C’était du génie. pic.twitter.com/pvGwrlfzcU
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À la si efficace sobriété du récit initial succèdent de nouveaux ajouts bien lourdingues. Qui fait toc toc sur un drap, je vous le demande ? Et voilà que papa s’arroge seul la parole (on est en 2024, mec !) et a besoin de souligner que c’est lui qui a le pouv… le goûter. pic.twitter.com/Ez1UNf8XzE
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