On a tranquillement fait nos tours. Tout avait été anticipé. On était en sur effectif, 9 infirmiers au lieu de 7, 15 lits de réanimation supplémentaires, des soins continus aménagés pour accueillir des patients de réa. On se sentait prêts.
— salegosse (@claralohomora) September 6, 2020
Et puis, à 10h, un premier patient est arrivé. La cinquantaine, en détresse respiratoire aiguë. Puis un deuxième. Puis un troisième, en l'espace d'une heure. Et ca ne s'est plus arrêté. Les patients arrivaient, la plupart avec déjà des symptômes de détresse respiratoire.
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fois, on a beau avoir tous les effectifs du monde, ca n'est pas suffisant. Les normes d'hygiène changeaient d'une heure a l'autre :
Changer de tenue entre chaque patient, puis non parce qu'on en aurait pas assez, réutiliser les masques FFP2 pour ne pas manquer.— salegosse (@claralohomora) September 6, 2020
On était dans cette ambiance anxiogène de l'inconnu, où l'on ne connaissait pas bien l'adversaire, et où on ne savait pas à quoi on s'exposait. Certaines de mes collègues étaient en stress dépassé, à répéter qu'on allait tous mourir.
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Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que la plupart du temps, on a le temps pour gérer les detresses vitales. Les patients se dégradent progressivement, sur un temps suffisament long, pour qu'on puisse passer d'un masque haute concentration à l'optiflow, avant de se dire
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'il est temps d'intuber'. Là, c'était différent. Je n'ai que trois années d'expérience en réanimation, mais une dégradation aussi insidieuse, c'était nouveau. On a été confrontés à des patients cliniquement stables, aux lunettes a 02, qui se sont mis a se degrader,
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Et a présenter une desaturation majeure en l'espace de quelques minutes. On avait plus le temps de prendre le temps.
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Tous les patients étaient en urgence vitale, et il a fallu faire des choix pour sauver le plus de monde possible. Cette première journée, on a accueilli un patient d'une cinquantaine d'année. Aux lunettes a oxygène a 10h, il s'est mis a desaturer a 10h15.
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Il perdait un point de sat par seconde, on n'avait plus de temps de lui expliquer, de le préparer. Alors on a tout préparé, et on s'est installés pour l'intuber. Je n'oublierai jamais la peur dans ses yeux. Dans l'agitation environnante, pour dissiper l'angoisse dans ses yeux,
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j'ai passé les drogues a ma collègue pour pouvoir lui tenir la main le temps de l'endormir, et qu'il ne soit pas seul face à l'angoisse. Et puis il a fallu continuer. On a continué a recevoir des entrées. Un patient de 60 ans, en arrêt a l'arrivée, qu'on a pas pu réanimer
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