Madagascar : colère, crises et diaspora sous tension
Alors que la jeunesse malgache manifeste contre les coupures d’eau et d’électricité, la diaspora en France s’engage. Elle dénonce la répression, se souvient des blessures coloniales et participe au développement. Son poids croissant pourrait peser sur l’avenir politique de Madagascar.
Une mobilisation transnationale
La colère qui secoue Madagascar en 2025 a des répercussions bien au-delà de l’île rouge. En France, où vit une diaspora malgache estimée à plus de 180 000 personnes, les manifestations contre la pénurie d’eau et d’électricité trouvent un écho. Des collectifs se réunissent devant l’ambassade pour dénoncer les arrestations arbitraires et soutenir le mouvement Génération Z, né sur les réseaux sociaux. Ces militants réclament la libération des prisonniers politiques et une gouvernance plus transparente. Le gouvernement d’Andry Rajoelina, qui a renvoyé ses ministres pour apaiser la rue, reste défié. Installés majoritairement en Île-de-France, ces expatriés hautement qualifiés, souvent titulaires d’un master ou d’un doctorat, se sentent concernés par l’avenir de leur pays et se mobilisent. La Coalition pour la liberté de Madagascar regroupe des anciens ministres et des étudiants, et organise des rassemblements à Paris régulièrement.
CEUX QUI PEUVENT ASSISTER À LA PLACE DE LA RÉPUBLIQUE POUR MANIFESTER EN SOUTIENS AU PEUPLE MALAGASY SVP #FreeMadagascar#freemadahttps://t.co/r3QQ3QKNd0
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Les cicatrices du colonialisme
La mémoire coloniale pèse sur les relations entre Madagascar et la France. L’île a été annexée par Paris en 1896 et est restée colonie jusqu’en 1960. Les troupes françaises ont décapité le roi sakalava Toera lors du massacre d’Ambiky en 1897, et le colonialisme a brutalement réprimé l’insurrection de 1947. Les historiens estiment que des milliers de personnes ont péri lors de cette révolte, un traumatisme reconnu. En avril 2025, Emmanuel Macron a reconnu les blessures du passé et a promis un travail commun d’historiens. La restitution de trois crânes sakalavas, dont celui de Toera, a été actée en août 2025. Dans les rues de Paris, les descendants réclament justice et vérité, rappelant que les blessures coloniales se transmettent. Cette mémoire, entretenue par les associations de la diaspora, nourrit leur engagement actuel. Les expatriés rappellent que la pauvreté et les coupures d’eau trouvent leurs racines dans des décennies de pillage.
La France a restitué à Madagascar 3 crânes de guerriers volés par l'armée française en 1897 lors du massacre d'Ambiky. Ces restes humains étaient réclamés par Antananarivo depuis des années. Ils rejoindront la Grande Île pour y être inhumés. pic.twitter.com/YMj2sqfQCA
— Le journal Afrique TV5MONDE (@JTAtv5monde) August 26, 2025
Capital et remises : la force de l’exil
La diaspora malgache en France ne se limite pas à la protestation ; elle constitue un puissant levier de développement. Depuis les années 1990, les transferts formels de fonds ont explosé, passant de 4 millions de dollars en 1990 à plus de 327 millions en 2015 et 433 millions en 2019, ce qui représente près de 4 % du PIB malgache. Le gouvernement malgache a adopté en 2021 une Lettre de Politique Nationale d’Engagement de la Diaspora afin de mobiliser ces ressources. Le projet TADY vise à renforcer les capacités du ministère des Affaires étrangères et à soutenir des projets locaux cofinancés avec les expatriés. Les associations, plus de deux cent quarante recensées en France, mènent des actions culturelles, sociales et entrepreneuriales. Elles apportent expertise, formation et liens économiques précieux. Ces initiatives montrent que, malgré la distance, les Malgaches de France veulent participer à l’avenir de leur pays toujours davantage.
Des attentes pour un changement durable
Les attentes de cette diaspora ne se limitent pas à un simple changement de gouvernance. L’île possède des ressources naturelles abondantes (nickel, or, cobalt et saphirs) mais n’a plus d’électricité et d’eau potable. La Génération Z dénoncent un système où l’élite politique s’enrichit pendant que la population manque de services. Nombre de Malgaches de France partagent ce constat et soutiennent des projets qui favorisent la transparence et la gouvernance participative. Ils appellent à un dialogue sincère entre l’État et la population. demandent une gestion équitable des ressources. Leur mobilisation révèle une prise de conscience transnationale : quand dans leur pays d’origine, les répressions sont très violentes. On compte aujourd’hui 22 morts malgaches.
Pardon, j'ai rigolé, guettez un peu l'adresse mail du ministère de l'intérieur à Madagascar 😂🤣
Alors que ça marave des pacifiques !#FREEMADAGASCARpic.twitter.com/8qM0udeLX0
— Bouta 🇲🇬 (@Ra_Bouta) September 29, 2025
pour vous donner un aperçu du personnage (son peuple n’a ni eau, ni électricité, 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins d’un euro par jour) https://t.co/bvcxCEvCBWpic.twitter.com/ouJbEy7RK8
— 🦋goosebumps (@evafanja) September 29, 2025
La diaspora malgache en France n’est pas qu’un spectateur éloigné. Elle participe activement à l’histoire politique contemporaine. Elle incarne une mémoire vivante du colonialisme, rappelant les massacres et exigeant justice, vérité et reconnaissance partagée. Ses mobilisations actuelles démontrent que le lien entre l’île et l’exil reste fort, malgré la distance et les générations. Par leurs actions, les Malgaches de France affirment qu’aucun avenir durable n’est possible sans justice sociale et mémoire décoloniale.
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