Louis Sarkozy, un tatouage très con pour un fan de Napoléon
Louis Sarkozy se tatoue Baron Samedi, l’esprit railleur du vaudou haïtien. Le gardien des cimetières, passeur des âmes, symbole des esclaves insurgés qui ont renversé Napoléon. Et Napoléon, c’est justement son idole. Celui qui a rétabli l’esclavage en 1802, envoyé ses troupes se faire humilier par les combattants d’Haïti. Le mec vibre pour l’Empereur, mais s’encre dans la peau le visage de celui qui a brûlé ses rêves coloniaux.
Louis Sarkozy s’est tatoué le Baron Samedi, divinité centrale du vaudou haïtien. Ce n’est pas une figure décorative ni une icône pop. C’est un esprit du panthéon haïtien, gardien des cimetières, passeur entre les morts et les vivants. En Haïti, son image évoque la force, la ruse et la résistance face à la mort. Son nom résonne dans les cérémonies du vaudou comme une présence à la fois redoutée et protectrice. Mais Louis Sarkozy ne vient pas d’Haïti. Il est le fils d’un ancien président français qui, en 2007, a osé déclarer que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Ce tatouage ne peut donc pas être lu comme une simple coquetterie esthétique. Il entre en collision avec une histoire coloniale lourde et avec une mémoire encore douloureuse.
Le fils Sarko a le Baron Samedi tatoué sur l’avant bras ? Ptdr je me frotte les mains d’avance iykyk https://t.co/iDrU717ryL
— juneplum (@Manmandilo) September 12, 2025
Baron Samedi, figure de la libération
Pour comprendre l’ampleur du paradoxe, il faut revenir à l’histoire d’Haïti. En août 1791, une cérémonie de vaudou se tient au Bois Caïman. C’est un acte fondateur de la Révolution haïtienne. Les esclaves révoltés y jurent de briser leurs chaînes et d’arracher leur liberté. Baron Samedi, avec les autres esprits Gede, accompagne ces rituels de révolte et de libération. Cette insurrection mènera à la première République noire indépendante, proclamée en 1804. Haïti devient un symbole mondial : le lieu où les esclaves ont vaincu l’armée coloniale et brisé le système esclavagiste. Porter sur sa peau l’esprit lié à ce moment d’histoire, c’est donc porter une mémoire de lutte radicale. Ce n’est pas neutre, encore moins lorsqu’on admire Napoléon.
Il est encore plus con que le père, c'est une véritable performance
— 🦏 Babar le Rhinocéros🦏 (@Babar_le_Rhino) September 11, 2025
Ces gens qui font des tatouages sans en connaître la signification….💀💀
— Skywalker✨ (@_Gwayave97) September 12, 2025
Napoléon et l’échec impérial à Haïti
Le paradoxe atteint son sommet avec la figure de Napoléon Bonaparte. En 1802, il décide de rétablir l’esclavage dans les colonies françaises, aboli quelques années plus tôt. Ses troupes débarquent à Saint-Domingue (Haïti) pour réenslaver les Noirs et briser la révolution. Mais face aux insurgés menés par Toussaint Louverture puis Jean-Jacques Dessalines, elles échouent. Les soldats de Napoléon connaissent la défaite la plus humiliante de leur histoire coloniale. Haïti proclame son indépendance en 1804 et inflige un camouflet durable à l’empire français. Louis Sarkozy, admirateur de Napoléon, se tatoue donc le symbole d’un esprit associé à cette victoire contre l’empereur. L’ironie est flagrante : son héros est celui que Baron Samedi et les insurgés ont fait tomber.
Appropriation culturelle et mémoire effacée
Au-delà de la contradiction, ce tatouage pose une question de fond : l’appropriation culturelle. Le vaudou haïtien n’est pas un folklore “exotique”. C’est une religion vivante, pratiquée par des millions de personnes. C’est aussi un langage spirituel né dans la violence de l’esclavage et forgé comme arme de résistance. Le réduire à un dessin stylisé sur une peau occidentale, c’est ignorer ce qu’il porte d’histoire et de dignité. C’est aussi rejouer un effacement : celui qui transforme des symboles sacrés en objets de consommation. Dans le cas de Louis Sarkozy, l’effacement est double. D’un côté, l’histoire coloniale française, marquée par la violence, est gommée. De l’autre, la mémoire haïtienne est réduite à un motif.
Premier degré pourquoi j’aurais jamais de tatouage imagine t’as un tatouage après ça tu le vois sur le bras de Louis Sarkozy, tu peux plus effacer la peau annuler la douleur ni rejeter la fierté que t’avais en le portant toutes ces années l’angoisse infinie. https://t.co/Aq8PsvJn8R
— La paisibilité du travail (@Monsieur_T44) September 11, 2025
Un paradoxe révélateur
Ce tatouage n’est pas seulement une affaire privée. Il révèle la manière dont l’histoire coloniale et ses symboles continuent d’être traités avec désinvolture par certains héritiers du pouvoir. Louis Sarkozy arbore sur sa peau un esprit lié à une victoire anticoloniale que son idole, Napoléon, a cherché à écraser. Derrière ce geste se lit une incohérence politique, mais surtout une incapacité à reconnaître la portée universelle de la Révolution haïtienne. Ce qui pourrait n’être qu’un choix esthétique devient alors une preuve de plus : l’histoire des peuples colonisés reste souvent instrumentalisée ou ignorée, même quand elle s’affiche ostensiblement sur un corps privilégié.
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