Depuis qu’il a perdu ses bras et ses jambes, on arrête plus @PhilippeCROIZON. Connu pour ses exploits sportifs et sa traversée de la Manche notamment, c’est également un twitto accompli. Entretien.

1. Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas (s’il en reste), pouvez vous nous raconter ce qu’il vous est arrivé ?

En 1994, mon fils avait 9 ans et ma femme était enceinte. Nous devions donc déménager. J’ai voulu récupérer l’antenne de télévision sur mon toit. J’ai pris une échelle en aluminium et je suis monté. J’avais vu la ligne électrique mais je me disais que ça passait. Je n’avais pas assez de force alors j’ai appuyé mes tibias contre l’échelle. C’est à ce moment-là que j’ai pris 3 décharges de 20 000 volts.

Petite anecdote de ce jour-là, un hélicoptère est venu pour m’emmener à l’hôpital de Tours. La nuit était tombée. Le pilote a décidé de se poser dans le stade et il a donc demandé d’allumer les lumières… Malheureusement j’avais tout fait sauté… L’urgentiste au sol a donc demandé à tous les véhicules de se mettre en rond, d’allumer leurs phares et l’hélico a pu se poser !

2. Vous êtes plutôt actifs sur Twitter et faites souvent de l’auto-dérision. Est ce que l’humour vous aide à mieux faire passer vos messages ?

J’aime beaucoup Twitter. Il y a sur ce réseau une instantanéité, une proximité et un contact avec les gens que j’apprécie. Quand votre blague est drôle vous le savez immédiatement, quand elle est nulle vous le savez aussi. Après moi j’ai beaucoup de chance. Mes followers sont bienveillants, drôles et me soutiennent énormément !

Oui, l’humour est un formidable moyen pour passer des messages. L’idée est de dédramatiser et de sensibiliser sur le handicap à travers l’humour. J’essaye aussi de montrer à travers mes anecdotes ou en relayant mon quotidien que « tout est possible », que l’impossible n’existe pas, que c’est juste nous.

3. Est ce que cela n’autorise pas également les gens valides à faire des blagues déplacées sur le handicap ? A quel moment pensez vous que cela peut être drôle et à quel moment cela peut être blessant ?

En réalité ça n’a rien à voir avec le handicap. Nous avons tous des degrés d’humour et d’autodérision différent. Une même blague peut faire rire ou vexer en fonction de la sensibilité. Avant d’être en situation de handicap nous somme des personnes drôles, bêtes, susceptibles etc. Le handicap c’est comme une calvitie, ou une moustache. On vit avec mais ça ne définit pas notre caractère.

Moi personnellement ça me fait beaucoup rire. Franchement, c’est incroyable le niveau de certaines blagues, je tombe parfois sur de vraies pépites. Et c’est toujours fait dans un bon esprit.

4. Après avoir traversé la Manche à la nage et participé au Rallye Dakar, avez vous un nouvel exploit sportif qui vous tente ? Par exemple le parcours Ninja warrior ?

Depuis que j’ai pris 20 000 volts je suis comme une pile électrique, toujours à la recherche de nouveaux défis. Je me produirais bientôt sur scène, et j’ai aussi d’autres projets sportifs qui arrivent.

Pour Ninja Warrior j’avais interpellé Denis Brogniart à l’époque mais c’était plus pour la blague.

D’ailleurs, je vais bientôt interpeller Elon Musk ! J’aimerais vraiment être le premier quadri amputé à voyager dans l’espace.

5. Question bonus : pensez vous réellement que votre défi tatouage va aboutir ? L’avez vous lancé comme une blague ou vous commencez à vous inquiéter en voyant que cela peut se réaliser ?

Hahaha tout est parti d’une blague avec un membre de ma production (Darksmile Productions) on regardait des photos de tatouage laid et on est tombé sur celui-ci. Il m’a lancé le défi que j’ai relevé. Bien sûr que si j’atteins les 100K je le ferais.