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Les femmes disposent-elles vraiment de leur corps ?

Par Do 20/07/2025

On se pose une question essentielle même si on se doute un peu de la réponse.

À l’heure où les valeurs conservatrices refont surface, où l’extrême droite est au pouvoir ou à ses portes, les femmes sont en danger. Elles sont reléguées au rang d’appareils reproducteurs, on se croirait dans une dystopie. Et pourtant.

Merci à Kelly pour son témoignage.

 

Les femmes disposent-elles vraiment de leur corps ?

 
Quand j’avais 19 ans, on m’a dit que la grossesse me tuerait probablement.
Je ne voulais pas d’enfants. Je n’en avais jamais voulu. Je ne voulais surtout pas mourir.
J’ai donc demandé une ligature des trompes et on m’a dit non.
Ils m’ont dit que l’avortement serait ma meilleure option SI je tombais enceinte. 🧵

Heureusement, je vis dans un endroit qui me donne tous les droits en matière de procréation et de soins de santé.
Heureusement, il n’existe pas d’interdiction draconienne de l’avortement qui puisse mettre ma vie en danger.
Mais on m’a toujours refusé l’autonomie sur mon corps, simplement parce que je suis une femme.

On m’a conseillé d’utiliser une contraception. Lorsque j’ai eu de mauvaises réactions, on m’a conseillé de pratiquer l’abstinence.
J’allais de toute façon subir une intervention chirurgicale gynécologique pour une endométriose sévère, il n’y avait pas de risque accru en cas de ligature des trompes.

Ma demande a été refusée pour une seule et unique raison… « Tu pourrais rencontrer un homme qui veut des enfants un jour »
C’est ainsi que nous sommes traités dans les établissements de santé.
Après coup. Après les hommes et les bébés hypothétiques de notre futur.
C’est aussi pourquoi l’interdiction de l’avortement est mortelle

La misogynie en médecine est si extrême qu’on ne nous fait pas confiance pour prendre les meilleures décisions pour notre corps.
On ne nous fait pas confiance pour contrôler notre destin reproductif.
Pourtant, nous sommes chargés d’apporter la vie au monde.
Cela n’a aucun sens.

C’est parce qu’il ne s’agit pas vraiment de vie, mais de contrôle.
Et lorsque l’interdiction de l’avortement est stricte, les femmes meurent.
Si j’étais tombée enceinte dans un État interdisant strictement l’avortement, cela m’aurait coûté la vie.

« Mais il y a des exceptions pour la santé de la mère ! »
Bien sûr, en théorie, il y en a.
Mais nous ne vivons pas dans la théorie, nous vivons dans la réalité.
Nous vivons dans un monde qui refuse aux femmes les ligatures des trompes et les hystérectomies à cause de ce qu’un futur homme POURRAIT vouloir.

Lorsque l’avortement est criminalisé, les médecins risquent la prison pour avoir mis fin à une grossesse.
Si vous pensez que chaque médecin fera passer la vie de son patient avant sa propre liberté, vous vous trompez.

Si vous pensez que la vie de la mère passe avant celle de l’homme et du fœtus, vous vous trompez.
Si vous pensez que les femmes ne seront pas poursuivies en justice pour fausses couches, vous vous trompez.
Si vous pensez que la misogynie n’est pas à l’origine de ces décisions, vous vous trompez.

Si vous voulez être pro-vie, vous devez soutenir les droits reproductifs.
Vous devez nous laisser contrôler notre propre corps.
Il faut admettre que le gouvernement n’a pas le droit de déterminer qui doit ou ne doit pas rester enceinte.

Personne ne devrait être obligé de mener une grossesse qu’il ne peut pas gérer, qu’il ne veut pas ou qu’il ne peut pas soutenir.
Personne ne devrait être obligé de garder en lui un organe dont il n’a pas besoin et qui met sa santé en danger.
Personne d’autre ne devrait prendre ces décisions à notre place.

Sachez qu’il s’agit de bien plus que de l’avortement.
Il s’agit de vie, de santé et de liberté.
Il s’agit de pouvoir choisir ce qui est le mieux pour nous et nos familles.
Il s’agit de dire non au patriarcat, à la misogynie et de dire « oui » à la pleine autonomie corporelle / fin

J’ai fini par supplier pour une hystérectomie, car mon utérus était trop malade pour porter des enfants et l’endométriose/adénomyose m’a laissée complètement handicapée.
Ils ont attendu des années pour trouver un homme hypothétique.
J’ai failli mourir d’hémorragie avant d’être finalement opérée.

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