Le médecin d’Adolf Hitler
Aujourd’hui on met en avant le thread de @ordresponane qui nous parle de quelque chose qu’on ne connait que très peu au sujet d’Hitler… son médecin.
Bonne lecture !
Tout le monde sait qu’Hitler était végétarien mais ce qu’on sait moins, c’est qu’il adorait les haricots, lentilles et autres légumineuses qui ont la propriété amusante d’être difficiles à digérer. Pour ne rien arranger, il avait tendance à manger trop vite. #Thread pic.twitter.com/EIvDO1UIFd
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) March 24, 2018
Du coup, le führer du IIIè Reich souffrait de tout un tas de problèmes digestifs : sévères crampes à l’estomac, diarrhées terribles et flatulences chroniques — ce qui, dans sa position et étant données ses ambitions, était assez gênant.
Vous en conviendrez.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
C’est en 1936, alors qu’il désespère de trouver un médecin capable de le soulager qu’Heinrich Hoffmann, son photographe personnel, lui présente Theodor Morell, un médecin à la mode de Berlin connu pour ses pratiques pas très conventionnelles.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Une description du bonhomme s’impose.
Il est gras comme un cochon, laid comme un pou, grossier comme un charretier et son hygiène personnelle plus que douteuse fait qu’il empeste au point d’incommoder tous ceux qui le croisent. #ToutPourPlaire pic.twitter.com/j6cDv9y7cJ
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Accessoirement, le type est une enflure : la seule raison qui l’a poussé à adhérer au parti nazi en 1933 c’est qu’il voulait faire taire ses critiques qui lui reprochaient des origines juives et s’assurer ainsi une clientèle de nazis.
Bref, le mec c’est Jabba the Hutt. pic.twitter.com/ooZQkxHlNd
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Voilà comment Morell va se retrouver en position de prodiguer ses soins à Hitler.
Au début, il lui administre des petites pilules noires qui semblent produire un effet à court terme — les pilules en question contiennent notamment de la strychnine (a.k.a. mort aux rats).
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Puis, pour renforcer la flore intestinale du führer, il lui prescrit un remède connu sous le nom de Mutaflor — le machin, en gros, c’est des « bactéries E. coli hydrolysées » prélevées dans les matières fécales de bons soldats aryens. pic.twitter.com/gPAbm2vgz0
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Oui, vous avez bien compris et oui, le truc est administré par voie orale.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Et là, miracle ! Ça semble fonctionner : Hitler est absolument ravi. Il fait de Morell son médecin personnel, l’invite dans le cercle le plus restreint des élites nazies et ne manque pas une occasion de dire tout le bien qu’il pense de lui. pic.twitter.com/MZ883LSipa
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Sauf que, dans l’entourage d’Hitler, tout le monde pense que Morell est un charlatan à commencer par Hermann Göring et Heinrich Himmler. Il n’y a guère qu’Albert Speer, l’architecte du régime, qui va tenter de le consulter pour des maux d’estomacs…
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Après une inspection sommaire, Morell lui prescrit son cocktail douteux de bactéries intestinales et d’hormones en tablettes mais le Speer, pour plus de sûreté, consulte aussi un spécialiste de l’université de Berlin… qui lui dit qu’il n’a rien : qu’il suffit de se reposer.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Speer, qui a quand même le nez creux, décide de suivre se deuxième avis et, effectivement, se remet sur pied.
Sauf que pour éviter d’offenser son führer, il attribue le mérite de sa rémission au bon docteur Morell qui, du coup, devient indéboulonnable.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Hitler a un autre problème : les matins difficiles. Morell va lui prescrire une recette vitaminée personnelle (empaquetée dans de la feuille d’or) qu’il appelle Vitamultin.
Là, les résultats sont carrément spectaculaires : en quelques minutes le führer est en pleine forme. pic.twitter.com/pu5CEhZg7x
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Hitler en refile un paquet à Himmler qui, suspicieux, le fait analyser par Ernst-Günther Schenck, un médecin SS.
Surprise : le machin contient une bonne dose de méthamphétamine.
Évidemment, Hitler devient assez vite accro aux vitamines de son médecin. # BreakingBad
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Notez que c’est le cas d’une bonne partie de la Wehrmacht : dès le début de la guerre, on distribue aux soldats du Pervitin (i.e. de la méthamphétamine) pour leur donner la patate.
Effectivement, ça marche : ils vont même être un bon nombre à se mettre à planer. pic.twitter.com/z6gMd3buK1
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Les choses commencent à se gâter en août 1941, en plein campagne de Russie : Hitler est tellement high qu’il faut le calmer un peu. Morell lui prescrit du Brom-Nervacit — c’est-à-dire des barbituriques.
Du coup, effectivement, le führer roupille comme un bébé. #Tumétonnes pic.twitter.com/lKzvybHqyd
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Sauf que comme il faut quand même le réveiller de temps en temps, notre bon docteur lui prescrit aussi du glucose.
En injection.
Deux fois par jour.
Et ça n’est qu’un aperçu : sur les notes de Morell, on trouve aussi des barbituriques, des laxatifs, de la morphine…
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
… et de la cocaïne en gouttes pour les yeux. Comme Hitler tient vraiment à être en pleine forme, le bon docteur multiplie les doses médicinales par dix.
Le patient est tellement content, qu’il va se mettre à en sniffer pour « nettoyer ses sinus et éclaircir sa gorge ». pic.twitter.com/Gd003VpOiH
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
En 1942, alors qu’il passe le plus clair de son temps au Berghof, Hitler est donc déjà un junkie de premier ordre.
Reste un problème d’ordre plus intime et lié à la présence d’Eva Braun pour lequel Morell va lui prescrire du Testoviron — de la testostérone. pic.twitter.com/ADwBJkeBt2
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Oui, là aussi, vous avez parfaitement compris.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Pendant tout ce temps-là, notre bon docteur ne s’oublie pas. Profitant de sa position, il va acquérir toutes sortes de biens dans les pays conquis et refiler ses saloperies aux armées du régime avec la bénédiction de son dictateur de patient.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Mais c’est la période où les affaires commencent à tourner vinaigre. À partir de 1943, non seulement les nazis commencent à souffrir sérieusement sur les champs de bataille mais en plus, la santé d’Hitler décline à un rythme alarmant (#bizarrement). pic.twitter.com/3KBIsfmuVb
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Du coup, Morell va sortir l’artillerie lourde. En l’occurrence, un cocktail de drogues tellement hallucinant que même Iggy Pop au sommet de sa forme n’aurait pas pu en supporter le dixième.
Là, Hitler devient carrément #AdolfLeChimique.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
L’acharnement *thérapeutique* de Morell est complètement hors de contrôle : d’un côté, il bourre Hitler de stimulants (le Coramin et le Cardiazol notamment) et de l’autre, il contrebalance l’effet desdits stimulants avec des sédatifs. pic.twitter.com/XZwaF2Uxvh
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Au total et sur la base des notes de Morell, on pense que le chef du IIIè Reich s’est tapé jusqu’à 74 médicaments et drogues différentes. En même temps.
Au plus fort, on lui en administrait jusqu’à 28 par jour.
Même selon les standards de Morell, ça devenait trop.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Dans l’entourage d’Hitler ça râle sec et tout le monde essaie de dégager Morell — à commencer par Eva Braun qui ne supporte plus son odeur. Mais le führer défend son dealer bec et ongles ; même quand on lui prouve que ses médocs contiennent de la mort aux rats.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
En 1944, alors que la guerre est déjà pratiquement perdue, Hitler est, faute de mots plus adaptés, totalement défoncé été en plus de ses innombrables addictions il semble développer quelque chose qui ressemble à s’y méprendre à la maladie de Parkinson (regardez sa main). pic.twitter.com/5RnvhvmmW4
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
C’est-à-dire qu’à ce stade, le zombie-führer du IIIème Reich n’entretient plus avec la réalité qu’un lien fragile et distant.
Planqué dans son bunker, il se shoote encore au Pervitin (on y a retrouvé les flacons un peu partout) : le mec est une véritable épave. pic.twitter.com/apGXkxZEL4
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Évidemment, le bon docteur Morell sent venir la fin et tente plusieurs fois de démissionner. Le junkie fini par accepter le 21 avril 1944 et notre dealer en chef du nazisme en profite pour filer dès le lendemain, avec un des derniers avions qui quittent Berlin.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
L’ironie de cette histoire c’est que beaucoup de gens ont essayé de tuer Adolf Hitler mais aucun n’a jamais été aussi proche d’y parvenir que son propre médecin. On peut même légitimement se demander jusqu’à quel point il a contribué à la chute du nazisme. #Fin
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
(Épilogue : arrêté par les ricains, Morell s’en sort. Mais comme il a quand même une justice en ce bas monde, son hygiène de vie abominable et son obésité le rattrapent rapidement : il débarrasse enfin le plancher le 26 mai 1948.)
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Disclaimer : n’étant ni médecin ni pharmacien ni chimiste, j’ai dû dire des trucs pas tout à fait exacts (et même peut être faux) dans ce thread. Soyez sympas, ne m’en tenez pas rigueur. N’hésitez pas à me corriger dans les commentaires.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
Les chimistes et médecins anglophones peuvent s’amuser un peu avec le rapport de la CIA daté du 29 novembre 1945. Attention, même pour moi qui ne suis pas un spécialiste, ça pique un peu les yeux.https://t.co/hWIL6QMXcj
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) 24 mars 2018
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