Le Japon va-t-il passer aux 35 heures ?
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Le Japon est souvent associé à une culture de travail intense avec des semaines longues et une forte pression sociale à rester au bureau (et à ne pas prendre de vacances bien sûr). C’est un pays politiquement ancré à droite mais qui traverse une crise de confiance sans précédent comme nous allons le voir ci-dessous. Les 35 heures, mesure phare de la gauche en France, peuvent-elles s’importer au pays du soleil levant ? Et quelle gauche subsiste-t-il au Japon au fait ? Ce twitto nous éclaire sur tous ces sujets dans ce thread.
Le Japon va-t-il passer aux 35 heures ?
Un thread de @NunyaFR
Le Japon va-t-il passer aux 35 heures ?
Ça, c'est une question qui pourrait bien se poser ici dans quelques semaines.
(1/23) pic.twitter.com/ArwlS2N5nd— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Contexte : mardi dernier, Shigeru Ishiba, fraîchement élu chef du Parti libéral-démocrate, est également devenu par le jeu des institutions japonaises le nouveau Premier ministre du pays. (2/23)https://t.co/z9Ngr79CPh
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Je ne m’étale pas sur le personnage, mais je note tout de même que son gouvernement et celui-ci sont beaucoup moins progressistes que ne le suggère la petite musique jouée ces derniers jours dans de nombreux médias (article en fin de thread si vous êtes intéressé(e)s) (3/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Bref. Dans une période de vraie-fausse crise de confiance du Parti libéral-démocrate interminablement au pouvoir, du fait de ses liens plus que révélés avec la secte Moon, du scandale des caisses noires et autres détournements de fonds annuels plus nombreux au politicien (4/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
carré que ces imbuvables boissons au koshu par distributeur de boisson, Shigeru Ishiba a entrepris de dissoudre la Chambre des représentants (l’Assemblée Nationale locale), afin d’organiser des législatives anticipées. (5/23)https://t.co/S8lLyNJyaV
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Ce faisant, il espère ainsi obtenir un mandat clair de la part des électeurs.
Ce qui est décidément… très à la mode ces derniers temps.
En terme de calendrier, la chambre devrait être dissoute le 9 octobre, pour des élections annoncées le 15, et un vote le 27. (6/23)— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Et ce pourrait bien être les élections les plus importantes depuis plus de dix ans.
Ce qui est décidément… (🥸)
Les plus importantes pour le parti au pouvoir, bien sûr, qui se veut afficher une unité alors qu’il est bouffi de controverses et qu’il est alimenté depuis (7/23)— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
toujours par un subtile jeu de factions qui ferait passer la trame narrative de Game of Thrones pour celle de Rings of Power. Mais aussi, et peut-être surtout, parce que les principaux partis du Parlement japonais, ont vu (parfois très) récemment leur direction (8/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
changer, et avec elle, possiblement, l'orientation des partis tout entiers.
Et parmi tous ces changements, Tomoko Tamura, nouvelle cheffe du Parti Communiste Japonais, en place depuis le 18 janvier 2024. (9/23)https://t.co/oFuyrzHyl4— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Sauf que, si ces élections prennent évidemment tout le monde de court (et c’est aussi là l’objectif), la question du timing est d’autant plus resserré pour le Parti Communiste Japonais (PCJ). (10/23)https://t.co/Rb15krEU4t
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
PCJ qui, petit rappel à toute fin utile et avec ses plus de 250 000 adhérents, est l’un des plus importants partis communistes au monde (même si depuis quelques décennies maintenant, pour des raisons historiques, il faut y voir davantage un parti de gauche modéré). (11/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Et précisément, le PCJ est traversé de nombreux mouvements questionnant la ligne à suivre pour les prochaines années. Sous la direction de Kazuo Shii, son ancien leader, le parti avait ces dernières années consacré une grande partie de son temps notamment parlementaire à (12/23) pic.twitter.com/sGMc7kGRwB
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
cibler les scandales individuels, à s’organiser autour de la question de la remilitarisation du pays, mais aussi à tendre progressivement à l'adoption de programmes plus réformistes pour s’aligner sur d’autres partis de « centre-gauche » (il faut l’écrire vite). (13/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Oui, sauf que, Tomoko Tamura.
Tomoko Tamura qui, ces dernières années, s’est notamment illustrée pour avoir maintenu au sein du parti une ligne plus en direction de l’égalité homme-femme et pour les droits des travailleurs et des travailleuses. (14/23) pic.twitter.com/XhY3SuzW9S— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Tomoko Tamura qui a pris les rênes du parti en janvier dernier, et dont certains analystes (et ignorants-amateurs comme moi) de la politique japonaise se demandaient si elle allait insuffler une nouvelle direction au parti, ou poursuivre la course à des coalitions (15/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
de plus en plus droitières, amorcées ces dernières années. Et il se pourrait bien que ces élections législatives anticipées soient un début de réponse, puisque cette semaine, le PCJ a publié sa feuille de route, et le constat est clair, le virage se fera : à gauche. (16/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Notez du peu : passage aux 35 heures, mise en conformité avec les dispositions de l’Organisation internationale du travail (dont le Japon n’a ratifié aucune des conventions sur la durée du travail 🤡), encadrement des travailleurs indépendants, de ceux à la demande, (17/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
des contrats « sukimabaito » (précaires par essence), augmentation du nombre d’inspecteurs du travail, du nombre d’enseignants, fin des écarts salariaux homme-femme, salaire minimum augmenté à 1500 yens de l’heure, taxation des grandes entreprises, etc. (18/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
(et à ce rythme, probablement Rushi Kasuté première ministre)
Plus d'informations dans la feuille de route ci-dessous. (19/23) https://t.co/Bc39l3ap6T— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Propositions qui font d'autant plus sens que les questions économiques sont la première des préoccupations japonaises, qu'un salaire minimum à 1500/h est réclamé depuis plus de dix ans, et que la question des contrats précaires est désormais au coeur des combats syndicaux.(20/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Bref, il n'est pas peu dire que d'une façon ou d'une autre, et même si les (très) courtes échéances faussent de beaucoup la donne, ces prochaines élections législatives vont être une nouvelle première étape centrale pour la gauche institutionnelle japonaise. (21/23)
— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Bref, abrège Lex : Le Japon va-t-il bientôt passer aux 35 heures ?
Compte tenu du jeu des institutions, en l'état, c'est très peu probable, même si le simple fait de mettre cette question dans le débat public a une certaine efficace en soi. (22/23)— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024
Mais le Japon va-t-il se doter d'une gauche institutionnelle elle-même efficace ?
Là, en revanche, il y a match.
Réponse dans les semaines, mois, et années à venir. (23/23) pic.twitter.com/KMk3eNPtf1— Lex Tutor (@NunyaFR) October 6, 2024