Laisser ses parents à l’EHPAD, est-ce les abandonner ?
Un débat qui revient (trop) régulièrement sur Twitter.
La question du placement des parents âgés en EHPAD (on rappelle la définition : Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) est aujourd’hui, comme tous les trois mois sur Twitter, au cœur d’un débat moral, social et politique. Entre scandales médiatisés, culpabilité familiale et contraintes économiques, beaucoup d’enfants se sentent pris dans un dilemme douloureux : prendre soin de leurs proches ou confier cette responsabilité à une institution spécialisée. Et faut-il vraiment voir dans ce choix une forme d’abandon ?
Le scandales Orpea :
Ces dernières années, plusieurs enquêtes ont révélé les dérives d’EHPAD privés lucratifs : sous-effectifs chroniques, repas rationnés, manque d’hygiène, résidents laissés des heures dans leur lit ou privés d’activités. Ces scandales ont ébranlé la confiance des familles et nourri le sentiment qu’envoyer ses parents dans ces établissements, c’est parfois les livrer à une maltraitance institutionnelle. Comment ne pas éprouver de culpabilité en confiant la fin de vie de ceux qui nous ont élevés à des structures où la logique du profit semble primer sur la dignité humaine ?
1.
"J’ai vu des gens couverts de m*rde parce qu’il n’y avait pas de protections."
Cadre infirmier chez Orpea, Laurent a été licencié pour avoir dénoncé des abus inimaginables. Aujourd’hui, il témoigne des conditions de vie inhumaines des résidents. pic.twitter.com/ZjPOwCFAi9
— France tv (@FranceTV) March 24, 2025
2.
Ehpad : "Le personnel soignant est obligé d'être maltraitant car il fait face à un système violent de réduction des coûts mis en place par Orpea. On m'a proposé 15 millions d'euros pour que je ne publie pas mon enquête."@VictorCastanet dans le 5/5 de @MattBelliard.#CàVouspic.twitter.com/rABMvWF80r
— C à vous (@cavousf5) January 25, 2022
Le cas des maladies :
Pourtant, il serait réducteur de considérer chaque placement comme un abandon. Le vieillissement entraîne souvent des pathologies lourdes : Alzheimer, maladies neurodégénératives, pertes de mobilité… Autant de situations que les familles, malgré leur amour et leur dévouement, ne sont pas toujours en mesure de gérer seules. Prendre soin d’un parent dépendant demande des connaissances médicales, du matériel adapté, une disponibilité totale. Des conditions quasi impossibles à réunir dans un quotidien rythmé par le travail et les responsabilités familiales. Dans ces cas, l’EHPAD n’est pas un renoncement, mais une solution de soins professionnels indispensables.
3.
Un jour vos parents auront 85 ans et des troubles cognitifs, vous vous aurez un travail 40h/semaine. A ce moment là, vous comprendrez que vous avez dit des bêtises https://t.co/7T3fUYwp2D
— Kev Adams hate account (@diplodocteur) August 27, 2025
4.
Tu penses comme ça quand t'as 20 ans, et c'est normal parce que tu sais pas de quoi tu parles, puis la vraie vie commence, et tes parents/oncles/tantes et ceux de tes potes commencent à vieillir, et les premiers malades se manifestent, et petit à petit tu commences à comprendre.. https://t.co/210ldIFGLS
— Cheedee. (@Cheedee) August 28, 2025
5.
mon grand père avait Alzheimer. ma grand-mère s’occupait de lui. et moi je vivais avec eux. il déféquait et crachait partout ds la maison. il cachait ses médicaments. et mangeait des choses qu’il ne fallait pas. Il faisait pipi partout. surveillance 24/24. c’est pire qu’un enfant https://t.co/EePBBS1t5j
— a forever princess (@poum__) August 27, 2025
La pression capitaliste :
La culpabilité, elle, est largement renforcée par notre modèle de société. Le capitalisme moderne impose un rythme de vie qui laisse peu de place à la solidarité familiale. Les enfants, contraints de travailler à temps plein pour subvenir aux besoins de leur foyer, n’ont ni le temps ni l’énergie pour s’occuper d’un parent âgé. Le travail est présenté comme une obligation morale et sociale, reléguant le soin aux proches au second plan. Dans d’autres cultures, où l’entraide intergénérationnelle reste au centre des modes de vie, le placement en institution est bien plus rare. Ici, c’est la pression économique qui pousse à déléguer cette responsabilité, parfois malgré soi.
Là où la question devient critique, c’est dans le choix même des structures. Si les EHPAD publics et associatifs cherchent encore à préserver une approche humaine, ils manquent cruellement de moyens. Les établissements privés, souvent financés par de grands groupes, deviennent alors la seule option accessible géographiquement, malgré leurs pratiques contestées. Les familles sont placées face à un choix biaisé : garder leurs proches chez elles au prix d’un épuisement, ou les confier à des institutions parfois indignes.
6.
mais vous pensez trop que les gens ont le TEMPS de s’occuper de personnes âgées de leurs familles dans cette économie là, à part arrêter de bosser comment vous voulez pouvoir vous occuper de personnes dépendantes 24h/24 ? https://t.co/PbrFQ81cKV
— Lou 𓋼𓍊✮☽ (@louisaphir) August 27, 2025
7.
le discours changera quand il faudra changer une couche d’adulte et faire la toilette d’une personne âgée qui n’en a pas envie alors que tu dois te préparer pour aller au taff et préparer tes enfants pour aller à l’école 💀 https://t.co/zeu5hobePx
— m. (@nellow__) August 27, 2025
Pour conclure :
Abandonner, c’est renoncer à toute responsabilité affective. Or, la majorité des familles continue de visiter, d’accompagner, de surveiller, d’aimer. L’EHPAD n’est pas un oubli, mais une tentative, parfois imparfaite, de concilier soins, dignité et contraintes de la vie moderne. Le vrai problème n’est pas la volonté des familles, mais un système qui transforme la dépendance en marché.
Au fond, la véritable question n’est pas de savoir si mettre ses parents en EHPAD, c’est les abandonner, mais si notre société se donne vraiment les moyens d’assurer une vieillesse digne à chacun. Tant que les logiques de rentabilité primeront sur l’humain, le doute et la culpabilité continueront de hanter les familles.
8.
Une femme qui dit ça..
J'espère que t'as des frères et tu verras qui abandonne vraiment qui et qui va devoir s'en charger mdrrr https://t.co/UtvsVcexhU
— Raph (@RaphaelleNDE) August 27, 2025
9.
ma petite sœur bosse en ehpad en unité protégée (personnes atteintes d’alzheimer) ben je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas d’abandon de la part des familles https://t.co/gVYWmYEkWM
— NANA 🇰🇭 (@NANANISSINA) August 27, 2025
10.
Les mêmes qui vont poster des avis de disparition parce que leur parent Alzheimer s’est barré. https://t.co/cbJisZWxz3
— Feminurse 💍🌈 (@la_lettre_a_) August 27, 2025
11.
Bin on a pas toujours le choix.
Je vis à 4h de ma mère, tu crois que ça va se passer comment quand elle sera vieille ?(Sans parler des parents qui ne méritent pas moins qu'un abandon dans le pire ehpad) https://t.co/6AoxmQwPm2
— Mylou (@ant_in_the_butt) August 27, 2025
Bonus :
Parce qu’il s’en passe aussi des belles choses dans les EHPAD :

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