La soumission chimique, qu’est-ce que c’est ?
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Il faut parler de la soumission chimique.
Le procès de Dominique Pélicot et des 50 autres hommes accusés d’avoir violé pendant 10 ans sa femme Gisèle totalement inconsciente doit nous alerter sur la technique de la soumission chimique. Ce thread est essentiel pour comprendre les mécanismes et la relative banalité de ce moyen de privation de liberté pour celles et ceux qui en sont victimes.
Un thread de @Dr_Zoe
#Mazan
La victime a consulté de nombreux professionnels et aucun n'a pensé à la #SoumissionChimiqueQu'est-ce que c'est ?
Quels produits sont utilisés ?
Comment agir si on pense être victime ?Thread pour avoir des bases de compréhension et d'auto-défense.#MendorsPas
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
D'où je parle?
– Je suis médecin
– Je suis militante féministe
– J'ai été formée sur la soumission chimique
– J'en ai moi-même été victime, il y a lgtpsL'ignorance, le silence sont la meilleure arme des agresseurs.
Pour que ça cesse, parlons et informons.
Let's go.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
La soumission chimique est le fait de faire consommer une substance psychoactive à une personne à son insu pour lui faire faire des choses qu'elle ne veut pas faire.
La vulnérabilité chimique est la même chose mais avec une substance prise volontairement par la victime.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Dans la majorité des cas, le but est l'agression sexuelle.
Mais on peut aussi soumettre chimiquement quelqu'un pour le voler, pour "avoir la paix", pour lui faire prendre des décisions contre son consentement (signer un papier, etc).— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Dans quel contexte peut-on être victime ?
On pense toujours au contexte festif, en soirée, mais le plus fréquent comme pour toutes les violences sexuelles c'est le milieu familial, à but de viol conjugal ou d'iceste.
Elle existe aussi dans le cadre amical ou professionnel.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Toute substance psychoactive peut être utilisée, qu'elle ait un effet sédatif (=qui endort), amnésiant, et/ou un effet stimulant/désinhibant.
Les produits les plus fréquemment utilisés sont des médicaments qu'on trouve dans la pharmacie de millions de gens en France.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Les anxiolytiques comme les benzodiazépines, les somnifères, les opiacés légaux ou illégaux, les anti histaminiques sédatifs, la MDMA, le fameux GHB (pas le plus fréquent contrairement à ce qu'on pense), l'alcool, la 3-MMC, la liste est longue et non exhaustive.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Certains produits entraînent une amnésie partielle ou totale,sans forcément que la victime soit inconsciente.
Il peut ne pas y avoir d'amnésie mais la victime, sous l'effet du produit, fait des choses qu'elle n'aurait pas fait dans son état "normal" (particulièrement MDMA, 3-MMC)— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
On peut donc voir des images d'une victime qui semble et consciente et "participante" et qui n'est pour autant pas consentante.
Je rappelle que même en dehors d'une prise de substance, lors d'une agression, la sidération est fréquente et la victime peut "ne pas se défendre".— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Il est impossible de faire une liste de tous les symptômes qui peuvent être liés aux différents produits ou aux agressions, on peut l'évoquer devant l'amnésie des faits, des nausées ou vomissements au réveil, des douleurs aux parties intimes, des IST "non expliquées", etc.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Que faire pour "prouver" qu'on a été ou qu'on est victime de soumission chimique ?
Il faut essayer d'identifier la substance dans l'organisme, et là il y a des choses à savoir pour maximiser la possibilité de recueillir ces preuves.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
L'identification de la substance dans le sang ou les urines est le plus simple, mais il faut agir très vite car le délai d'élimination est TRÈS COURT.
Plus les plus court comme le GHB, c'est 6h maximum, pour d'autres produits ça peut aller jusqu'à 48h.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Le prélèvement peut se faire à plusieurs endroits (maison des femmes, hôpital, certains labos), ça dépend des territoires.
Viol Femmes Informations est une ligne qui pourra vous orienter avec des pros formés à l'écoute.
A défaut, vous pouvez appeler le 15 ou le 17. pic.twitter.com/yZsb5bjhMp— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Si vous êtes "hors délai", on peut faire un prélèvement sur les cheveux.
Le prélèvement se fait au moins 4 à 6 semaines après la prise de substance, le temps que les cheveux poussent un peu.
On coupe une mèche à ras, de l'épaisseur d'un stylo, à l'arrière du crâne.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
ATTENTION
Les colorations, décoloration, défrisage, permanente, bref tous les traitements un peu "agressifs" peuvent altérer les cheveux et fausser le prélèvement.
Il faut donc laisser pousser ses cheveux "au naturel" en attendant d'être prélevée.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
L'analyse des cheveux est chère (plusieurs centaines d'euros), seuls certains labos spécialisés le font, et n'est remboursée que dans le cadre de prélèvements médico légaux avec une plainte déposée.
C'est un problème quand on veut se tester sans être sûr, pour savoir.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Je mesure à quel point il est difficile de "réagir vite".
On est dans le cirage, on est dissocié, sidéré, on a honte…
Mais je pense aussi que le manque d'informations joue beaucoup, j'espère que ce thread sera utile pour ça.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Si on a besoin de faire consommer, même volontairement, un produit à quelqu'un pour pouvoir coucher avec, c'est qu'il y a un énorme problème.
Notamment l'alcool qui est le plus grand pourvoyeur de viol par vulnérabilité chimique.
Dans le doute, abstenons-nous.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Je rêve d'un monde où tout le monde aurait prioritairement en tête le respect et le bien être de la personne en face de lui quand il souhaite coucher avec.
Et vous dire que parfois c'est OK de coucher avec quelqu'un qui a un peu bu si on est sûr qu'il/elle est d'accord.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Mais comme beaucoup de gens se comportent avec les corps des autres comme des Dobermann avec un steak, je réitère : dans le doute abstenez-vous si la personne est droguée ou bourrée.
Il vaut mieux "louper" une occasion de coucher que traumatiser à vie une personne.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Cette affaire #Mazan n'est pas un fait divers, c'est l'horrible partie émergée de l'iceberg gigantesque et terrifiant que sont les violences sexuelles et notamment les violences sexuelles intra familiales.
J'aimerais qu'on se dise "Plus jamais ça". Qu'on se regarde tous en face.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Un jour je parlerai de ce qui m'est arrivée à 15 ans, de la violence que ça a été de vivre avec ça, la honte, la colère, la peur.
J'aurais eu besoin de voir des femmes en parler sans honte, moi qui suis restée 10 ans seule avec ce truc.
On parle pour nous et pour les autres.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Nos histoires sont toutes différentes et très similaires.
On nous dépossède de tout, nos corps, nos souvenirs, notre parole.
Nos histoires ne sont pas des faits divers. Ce sont des faits politiques.Par la lutte, nous venons reprendre ce qu'ils nous ont volé.
On va rien lâcher.— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
J'ajoute ici le lien vers l'asso M'endors pas, qui sensibilise et lutte contre la soumission chimique, créée par Caroline Darian, fille de la victime et victime elle-même de l'affaire #Mazan.
Je salue encore une fois leur courage, tout mon soutien ❤️https://t.co/b0rowuCzns— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) September 5, 2024
Poursuivez votre lecture avec la sélection féministe de la semaine. Dure mais nécessaire pour expier cette colère qui nous a animé toute la semaine (et qui nous anime tous les jours de notre vie) :