Escalader l’Everest est-il vraiment une bonne idée ? Afin de produire du contenu sensationnel, se dépasser physiquement, prouver à sa communauté qu’on est quelqu’un de capable, on escalade des montagnes. Mais le tourisme d’altitude augmente de manière inquiétante et les défis d’alpinisme que se lancent les jeunes influenceurs n’envoient pas forcément le bon message.

L’Everest, le plus haut sommet du monde, une altitude établie à 8 849 mètres soit près de trente Tour Eiffel mises l’une sur l’autre. Pendant longtemps, il n’a été le rêve que des alpinistes. Le 29 mai 1953, Edmund Hillary et Tensing Norgay sont les premiers hommes à en atteindre le sommet. Le tourisme de masse se généralisant, de plus en plus de personnes tentent l’ascension. On en dénombre 14 000 dont seulement 4000 l’ont réussie, souvent aidés par des sherpas et l’utilisation de bouteilles d’oxygène. Pour arriver au sommet, il faut une excellente condition physique évidemment mais aussi y mettre le prix. Des agences vous proposent le parcours clé en main entre 55 000 et 70 000 euros par personne (rien que le permis d’ascension coûte 10 000 dollars). Un prix dû à la durée du projet. Il faut compter en moyenne deux mois pour le faire, dont une dizaine de jours pour arriver au camp de base de l’Everest. Parti le mercredi 10 avril, Inoxtag ne fait que commencer son périple.
 
Alors, InoxTag à l’assaut de l’Everest : défi ultime ou idée débile ?
 

Fan dès la première heure

Plus de 7,5 millions d’abonnés, deux des vidéos les plus vues en France en 2023, le Youtubeur dont la progression est la plus forte en terme d’abonnés, InoxTag est LE vidéaste à la mode. De son vrai nom Inès Bennazouz, âgé de 22 ans, il a commencé en 2015 à seulement 11 ans. En compagnie de son ami Michou, un autre Youtubeur célèbre (9,5 millions d’abonnés), ils font partie de la première génération à savoir qu’ils pourraient vivre de Youtube. Raison pour laquelle ils se sont filmés aussi jeune en train de jouer à Fortnite notamment. Au fil des années, Inoxtag a réussi à créer une véritable communauté autour de lui, communauté qui continue à le suivre encore aujourd’hui. Lien parasocial oblige, ses fans sont très attachés à lui… quelque fois trop (l’un d’eux a même réalisé un biopic).
 
1.

Des défis toujours plus grands

De simples vidéos à jouer aux jeux-vidéo dans sa chambre à la montée de la plus haute montagne au monde, comment en est-on arrivé là ? InoxTag n’a fait que suivre la tendance déjà enclenchée par MrBeast, le Youtubeur le plus suivi au monde (250 millions d’abonnés), à savoir une course aux superproductions. Des concepts hors normes, des défis toujours plus grands, les États-Unis ont, comme souvent, donné le ton et la France a suivi. Il faut dire que Youtube est désormais plus regardé que la télévision par la jeune génération. Tous les plus gros Youtubeurs s’y sont mis jusqu’à l’overdose (le Youtubeur McFly étant allé jusqu’au burn-out). Inoxtag est ainsi passé de vidéos de cache-cache entre amis à 100 défis à faire en une journée ou 7 jours à rester seul sur une île déserte. Faut-il toujours être dans la surenchère ? Telle est la question.
 
3.

Danger de mort

L’Everest est un véritable cimetière à ciel ouvert. Depuis 1921, son ascension a fait 323 morts, dont 17 l’année dernière, un record. Du fait des conditions climatiques extrêmes, les corps ne peuvent ensuite pas toujours être redescendus. Plusieurs alpinistes racontent ainsi avoir dû enjamber des cadavres pour pouvoir continuer leur montée. L’un d’entre eux, surnommé Green Boots, un alpiniste non identifié aux bottes vertes mort en 1996, est même devenu un repère visuel. Ambiance. Sur Twitter, réseau toujours aussi bienveillant, plusieurs fausses rumeurs annonçant la mort d’Inoxtag ont déjà été publiées.
 
5.

Les critiques

Dès l’annonce de son projet, Inoxtag a reçu de nombreuses critiques. D’une part, ce n’est pas la première fois que cela lui arrive : lors du Z Event 2021, il avait eu un dérapage sexiste en faisant dire à une influenceuse mexicaine des propos obscènes en français (il s’était ensuite excusé). Son ignorance en politique lui a également joué des tours. En début d’année, il a fait la promotion de son fromage au Salon de l’agriculture. Deux ministres en ont profité pour se faire photographier à côté de lui pour faire leur promotion (il expliqua ensuite avoir été piégé). Cette fois-ci, les critiques s’attaquent au projet même. Il y a déjà trop de monde sur l’Everest. Sa vidéo pourrait inciter d’autres personnes à tenter l’ascension, et donc augmenter les risques d’accidents parfois mortels et participer à la pollution : certaines étapes de l’ascension étant devenues de décharges à ciel ouvert car les grimpeurs y laissent leurs déchets et leur matériel. Espérons qu’Inoxtag fera au moins prendre conscience à son auditoire de ces enjeux cruciaux.
 
7.

Plus de nouvelles

Inoxtag est donc parti vers son ultime (ou stupide) défi. Il a posté sa dernière vidéo “Au revoir Youtube” samedi dernier. Il y résume son parcours et ses aspirations. Bien conscient des risques, il explique face caméra que c’est peut-être sa dernière vidéo vu qu’il joue sa vie. Mais qu’il est également capable d’abandonner et de ne pas forcer si cela s’avère impossible. Habitué des stories Instagram, il a choisi de ne plus rien publier sur ses réseaux sociaux pendant cette aventure. Espérons que tout se passe bien pour lui sur l’Everest… ou planqué en France comme certains internautes s’amusent à l’imaginer.
 
9.

Quelques tweets en vrac sur Inoxtag et son défi face à l’Everest

Et les inclassables pour la fin.
 
12.

En bonus

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