Et si le 10 septembre marquait un tournant progressiste ?
Le 10 septembre n’est pas qu’un buzz né sur les réseaux. Derrière l’appel diffus, des forces progressistes s’organisent pour en faire une vraie mobilisation de terrain.
Le mouvement du 10 septembre, baptisé “Bloquons tout”, a démarré sur Telegram au printemps 2025 et a explosé sur TikTok début juillet avec une vidéo relayée plus de 600 000 fois. Rapidement, il a basculé… non pas dans les mains de l’extrême droite, mais au contraire (plutôt) dans celles de la gauche politique et syndicale. LFI, PCF et Solidaires l’ont soutenu, tandis que la CGT a appelé à une grève le jour J. Car le véritable enjeu, ce n’est pas de savoir d’où vient l’appel mais qui gère les enjeux du terrain. Et c’est bien la gauche organisée qui prend l’initiative de structurer ce mouvement.
Pourquoi le mouvement du 10 septembre pourrait être progressiste :
Ce tweet illustre un manque de compréhension fréquent à propos des mouvements sociaux aux formes non conventionnelles.
Je vais donc expliquer pourquoi le mouvement du 10 septembre a en réalité de grandes chances de porter des revendications clairement progressistes.
— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
En effet, les premiers appels au 10 septembre semblent émaner de collectifs obscurs, certains d'extrême-droite, d'autres complotistes.
Mais arrêter ici la lecture de l'événement serait une grosse erreur. En premier lieu car Twitter n'est pas la vraie vie.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
L'appel a en suite été repris par une myriade de comptes et de mouvements, certains de gauche, d'autres difficilement classables, d'autres d'extrême-droite, avec des mots d'ordre et des revendications très diverses.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
On a eu droit à un site "officiel" portant des mots d'ordre clairement de gauche. Et puis on a eu les "Nicolas" de Twitter, très marqués à droite, tout comme les "Boulis".
Résultat, l'appel a largement circulé, dans des cercles très divers.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Une fois l'appel lancé et diffusé, la question devient logiquement : qui se saisit de cet appel, et comment ? Il ne suffit pas de publications sur les réseaux sociaux, fussent-elles partagées des millions de fois, pour organiser un mouvement.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Ce qui compte, c'est l'organisation réelle des gens qui vont participer au mouvement sur le terrain. Et, autant le dire, à ce jeu là, l'extrême-droite a quasiment perdu d'avance. Et ce pour plusieurs raisons que je vais exposer ci-dessous ⤵️
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
1. L'extrême-droite n'a quasiment aucune expérience militante, aucune expérience des grands mouvements sociaux. Elle ne sait pas organiser de luttes.
2. Les mots d'ordre de l'extrême-droite sont minoritaires dans la population, et divisent la lutte, au lieu de l'unir.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
3. Le 10 septembre semble être un mouvement de masse et populaire. Dès lors, les revendications qui vont s'imposer seront celles qui parlent le plus aux masses : pouvoir d'achat, conditions de vie et de travail, logement, transports… À l'opposé des idées d'extrême-droite
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
4. Malgré sa faiblesse relative, le monde militant de gauche réunit un nombre important de personnes, avec une forte expérience militante et la capacité à organiser des luttes.
5. La gauche appris de l'expérience des gilets jaunes.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Voilà pourquoi, selon moi, le mouvement portera des revendications progressistes. Et ce même si, en son sein, il y a un nombre important de gens qui votent RN. Car il y a une différence entre les aspirations profondes d'une personne, et ses choix électoraux.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Un mouvement social n'est pas la somme des idées de ses participants. Une personne peut avoir des idées réacs sur certains sujets et voter RN pour cette raison, tout en ayant des idées progressistes sur d'autres sujets, et participer au mouvement pour cette raison.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
D'ailleurs, ce que je dis ne sort pas de nulle part, on l'observe déjà dans la réalité du mouvement. Les "Nicolas" se plaignent déjà que le mouvement est "gauchiste" et ne veulent plus y participer. Pareil pour les "Boulis".
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Et pour cause, ces gens ont beau avoir beaucoup d'abonnes, hors du microcosme Twitter/militant/journalistique, demandez autour de vous si les gens les connaissent. Vous verrez que leur influence réelle est bien plus faible qu'elle ne semble être ici.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Des échos que j'en ai eus, les réunions physiques de préparation du 10 septembre s'orientent d'ores et déjà vers des revendications sociales et des moyens d'actions "de gauche" (même si ce n'est pas revendiqué comme tel).
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Et c'est logique : vous mettez des dizaines de personnes qui partagent des réalités concrètes et une colère sociale ensemble pour s'organiser, c'est absolument évident qu'elles vont parler de salaire, conditions de vie et de travail, et non d'immigration et d'islam.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
N'en déplaise à l'extrême-droite, la vraie vie, ce n'est pas les plateaux de Cnews. Est-ce que pour autant il n'y aura pas, par endroits, des assemblées locales où l'extrême-droite réussira à imposer ses idées ? C'est possible.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
C'est toute la différence avec une mobilisation syndicale classique. Si, par exemple, à Metz, il y a un groupe militant d'extrême-droite bien formé et organisé qui s'investit massivement dans le mouvement, ils peuvent en prendre la direction localement.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Il peut même y avoir, au sein d'une même ville, deux mouvements existant simultanément, comme on l'a vu pendant les gilets jaunes où il pouvait y avoir un rond-point avec des militants d'extrême-droite, et 2km plus loin un autre rond-point avec des revendications sociales.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Le mouvement sera diversifié d'une ville à l'autre. Dans certains rares endroits, ce sera difficile, et les fachos seront en force. Mais, au global, le mouvement portera des revendications sociales.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
D'autant plus qu'un mouvement évolue dans le feu de la lutte. C'est en luttant qu'on se forme politiquement, et qu'on comprend mieux les contradictions qui structurent la société. Si le mouvement est puissant, la répression va s'abattre dessus.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Cette répression va radicaliser beaucoup de participants. On l'a vu pendant les gilets jaunes : beaucoup de gens y avaient une image positive de la police au départ, puis ont compris au fil de la lutte que les policiers ne sont que des miliciens au service des puissants.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Quand on entre pour la première fois dans la lutte, on se confronte à tout un tas de choses qu'on ne connaissait pas, et on évolue naturellement. N'attendez pas que les gens partagent vos valeurs progressistes pour lutter à leurs côtés.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Luttez avec eux, expérimentez la répression à leurs côtés, prenez le temps de discuter, de montrer la voie, de désigner les bonnes cibles (le pouvoir capitaliste et toutes ses composantes). Et, vous verrez, leurs idées évolueront naturellement.
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Maintenant, pour tous les militants de gauche qui refusent de s'y investir et qui se cherchent des excuses car quelques fachos ont appelé à y participer, à vous de voir : vous voulez vous impliquer dans ce qui pourrait être un soulèvement, ou regarder les trains passer ?
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— Camille Stineau (@CamilleStineau) August 17, 2025
Qui va faire vivre et durer le 10 septembre ? Les doutes sont permis mais ils sont minces.
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