Elle raconte son avortement sur Twitter (ça tourne bien) !
Pour que l'avortement ne devienne pas un tabou, il faut en parler. Encore et encore.
Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk et sa réduction de la modération, le réseau social est devenu extrêmement misogyne. Insultes et cyberharcèlement sont le lot quotidien de nombreuses femmes. La vie sexuelle de ces dernières est scrutée, commentée et moquée. De même, l’extrême droite a également pris possession du réseau social. Des thématiques d’un autre âge refont surface. Pourtant, certain(e)s internautes continuent d’utiliser Twitter comme un journal intime et refusent de perdre leur part d’insouciance. La jeune Marion raconte ainsi en détail son avortement (que vous pouvez retrouver ICI). Elle nous en explique les raisons et le formidable élan de sororité que cela a déclenché.
Elle raconte son avortement sur Twitter
Début mars. J’apprends que je suis enceinte à 3 semaines de grossesse. Au début, je n’y crois pas. Je suis sous le choc et j’espère que c’est un faux positif. Avant d’avoir une vraie réaction, je veux être sûre du résultat. Je fais une prise de sang dès le lendemain matin.
Une fois les résultats connus, l’avortement est une évidence pour moi. J’avais déjà réfléchi à si cette situation devait m’arriver et je savais que j’allais avorter. Évidemment, je suis angoissée. Je ne m’y connaissais pas du tout. J’ai peur de la douleur et peur des possibles conséquences après un avortement.
Heureusement, j’ai facilement pu en parler autour de moi. J’ai la chance d’avoir un copain très compréhensif et ouvert d’esprit. Pareil pour mes meilleurs amis. Ma mère est un peu moins ouverte d’esprit, mais elle m’aime et me soutient tant que ce n’est pas illégal.
Comme mon entourage est très ouvert sur le sujet, je n’ai pas ressenti le poids du regard de la société. D’ailleurs, je m’en fiche. C’est ma décision et tant que ça ne fait de mal à personne, je ne vois pas le problème.
J’ai été particulièrement marquée par le planning familial. Le jour où je m’y suis rendu, je suis tombée sur des personnes très accueillantes et très à l’écoute. Je me suis vraiment sentie écoutée et elles m’ont beaucoup rassurée. Je pense faire partie des chanceuses. Le centre où je me suis rendue est super.
Dès le lendemain de la prise du deuxième médicament, je me suis sentie soulagée. Je me suis dit : “c’est derrière moi”.
Un mouvement de sororité :
J’ai pris l’habitude depuis plusieurs années maintenant de raconter un peu ma vie sur Twitter. Même les trucs un peu nuls qui m’arrivent, je les raconte. Mais avec un ton un peu humoristique. C’est ma façon de dédramatiser les choses. C’est pourquoi, dès que j’apprends que je suis enceinte, je le tweete. Et dès que je commence l’avortement par médicament, je le tweete aussi.
Au demeurant, cela a été bénéfique puisque beaucoup de femmes sont venues en messages privés me donner des conseils avant ma prise de médicaments. Merci encore à elles d’ailleurs. Je n’aurais pas vécu mon avortement de la même façon si elles ne m’avaient pas conseillée comme elles l’ont fait. En partageant mon histoire sur Twitter, j’espérais du soutien. Mais je n’en espérais pas autant ! Les réactions qui m’ont le plus marquée sont les réactions positives. Et heureusement.
Bien entendu, j’ai reçu des critiques. Mais ça ne m’atteint pas. Ma décision est la bonne et je sais que je ne fais rien de mal. Certains sont pourtant carrément venus m’insulter en privé ! Je sais que ma prise de parole a pu aider d’autres personnes à se sentir moins seules. J’ai reçu de nombreux messages de femmes me disant qu’elles aussi allaient bientôt avorter et qu’elles avaient des questions à me poser. D’autres me remerciaient d’en parler parce qu’elles auraient aimé savoir comment ça se passe avant d’avorter. J’ai même eu des hommes qui m’ont demandé de l’aide pour leur copine qui, elle aussi, voulait avorter et ils ne savaient pas comment s’y prendre !
Parler de l’avortement, c’est important. Quoi que vous pensiez, vous n’êtes pas seule dans ce moment. Entourez-vous des bonnes personnes et si vous êtes sûre de votre décision, n’hésitez pas. Quelle que soit la situation.
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