Pendant de nombreux mois, D. enchaîne les chimio et les scanners sont bons. La tumeur régresse. Elle est toujours là, mais elle régresse.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Puis elle grossit de nouveau. Très vite. Très fort. On lui dit que "à un moment, ça échappe !" et elle déteste cette manière de le dire.
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Il n'y a pas de libre choix de mourir "dans la dignité" quand la seule alternative qu'on a ce sont des équipes mal formées et en sous nombre, des hôpitaux à l'agonie, et le regard dégoûté d'une société ne supportant pas la maladie et le handicap.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
L'état de D. se dégrade rapidement. Elle est épuisée, reste allongée une grande partie de la journée, elle a mal, elle n'arrive plus à manger. Et son ventre gonfle énormément à cause de l'ascite : du liquide qui s'accumule à cause de métastases au péritoine.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Dans le contexte de déliquescence du système de soin et d'une société capitaliste et validiste rendant impossible la vie des personnes handi et malades chroniques, la loi fin de vie acte un choix de rentabilité plutôt que d'humanité.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Nous voyons très bien ce qui va mal se passer.
D. est hospitalisée dans un service d'oncologie.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Elle est dans une chambre double, sa voisine, aussi atteinte d'un grave cancer, est mal soulagée pour la douleur, elle gémit beaucoup.
D. a de la peine pour elle et ne peut pas dormir à cause des cris.
Les équipes courent partout. Personne n'a vraiment le temps. On lui parle de chimio "de confort" sans qu'elle comprenne vraiment ce que cela signifie, puis on lui dit que finalement elle est trop faible.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Chaque jour elle espère avoir enfin une place en chambre individuelle.
Depuis 10j, personne n'a eu le temps de lui faire un shampooing.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Alors ce sont ses proches, comme ils peuvent, en essayant de ne pas faire mal et de ne pas tirer sur les tuyaux des perfusions, qui s'en chargent.
D. n'en peut plus. Mais ça va un peu mieux avec les cheveux propres.
Des amis de D. qu'elle n'avait pas vu depuis un moment se mettent à trouver qu'elle est trop malade. Son corps est déformé, elle a mal, et c'est eux qui lui suggèrent de prendre contact avec une association qui propose des euthanasies illégales.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Les amis de D. ne lui ont pas demandé son avis avant de faire cette suggestion.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Qui veut-on soulager à ce moment-là ? D.? Ou les personnes valides pour qui voir le corps malade et déformé est insupportable ?
Ils sont tellement motivés qu'il lui fournissent le contact de l'asso.
D. ne sait pas trop. Elle a peur de partir dans la souffrance. Elle aimerait surtout que ça aille le mieux possible, pas le plus vite possible.
— Docteur Zoé (@Dr_Zoe_) July 7, 2025
Pour la 1ère fois, on l'informe de ses droits, des options possibles, et elle demande à être transférée en unité de soins palliatifs.