Quand j'étais enfant, je vivais dans un petit village dans le sud. C'était les années 90, et j'avais une bande de copains et des cousins éloignés. On jouait dans les rues et les champs, et parfois on allait chez les uns et les autres pour goûter ou regarder la télé. Sauf moi. https://t.co/8zpkTzadjr
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J'avais pas le droit de rentrer dans la plupart des maisons des parents des copains. Quand c'était pour le goûter, j'attendais dehors, mais quand c'était pour la télé et les jeux c'était trop long alors je partais, pour rentrer chez moi, je passais devant le garage d'un voisin
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un vieux papi qui bidouillait pleins trucs dans son garage poussiéreux. Chaque fois qu'il me voyait rentrer seule il m'interpellait pour réparer mon vélo. D'après lui mon vélo avait toujours besoin d'une réparation, de gonfler un pneu, de graisser la chaine etc
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chaque fois je passais un moment là, sa femme me donnait souvent un biscuit ou un fruit, des fois je pouvais voir les poissons dans son bassin, des fois je regardais tout les outils et trouvailles dans son garage. Le temps passait, puis les copains ressortaient dans la
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rue, j'entendais et je pouvais les rejoindre.
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C'est en grandissant que j'ai finis par comprendre que mon vélo n'a jamais rien eu.
"t'es toute seule ? où sont les copains ? Chez Mme machin ? ah je m'en doutais. Ton vélo à l'air dégonflé, rentre le."
En fait, il savait parfaitement que je subissais du racisme, que si je pouvais pas rentrer chez les copains c'est pcq j'étais la gamine noire de la mère-fille.
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Les autres enfants comprenaient pas, on nous imposait ça en nous expliquant que c'est normal
à 7-8 ans tu réfléchis pas encore à ça, en tout cas pas quand personne t'explique ce qu'est le racisme. Puis on parle pas de ça dans les villages.
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Alors le voisin me faisait passer le temps, me donnait un goûté et me faisait sentir privilégiée, il montrait pas les poissons
aux autres enfants. Il attendait avec moi que les autres reviennent sans me faire sentir que c'était pas une situation normale.
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Je serais incapable de vous dire son prénom ou décrire exactement son visage.
Tout ce que je sais, c'est qu'un jour, j'avais 9-10 ans.
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Je suis passée devant son garage. C'était fermé. Il n'était pas là, et la porte n'a plus jamais été ouverte. Je n'ai plus jamais revu ce voisin. Il est "parti se reposer dans une maison pour les pépés."
C'est à cette période que j'ai commencé à m'interroger et remettre en question le rejet des adultes à mon encontre. J'ai posé la question aux copains.
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Un d'eux à expliqué que ses parents voulaient pas que je rentre pcq les noirs "sont sales, ont des maladies"