Dans le foyer, des larves dans la douche, les murs recouverts de cafards, pas de chauffage en plein hiver. On vit avec d’autres femmes, traumatisées. Certaines battues aux fils barbelés pendant des années. Mais on est déjà un peu plus en sécurité, un peu plus loin de lui.
— Siam Spencer (@siamspencer) October 9, 2023
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On fini par partir du foyer, avoir un vrai appartement. Puis maman se trouve un boulot de journaliste dans une radio associative. On déménage. À partir de là, on n’a fait que déménager. Vivre dans la peur qu’il nous retrouve.
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Aucune confiance en la justice ni en la police, qui l’avait mal protégée auparavant. Manquerait plus qu’il ait le droit à des visites avec ma soeur. Alors on fuit aussi un peu ça. Il continue de planer sur ma vie pendant des années.
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Lorsqu’on parle de violences conjugales, on parle d’étranglements, de cheveux tirés, de corps tirés par le cheveux, de coups de points et de pieds, de claques, d’yeux qui se révulsent, de bleus, de côtes, poignets et de nez cassés. Mais aussi d’insultes, d’emprise.
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Cette emprise ne s’arrête pas lorsque la violence s’arrête, ne s’arrête pas à ma mère et sa vie. Je fais toujours des cauchemars de cet homme. J’ai dû renoncer à certains postes où on refusait que j’utilise un pseudo. En extérieur, je suis en hypervigilence permanente.
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Sous pseudo pour éviter qu’il me retrouve, et par la même occasion ma mère. Pseudo qu’il a fallu expliquer à chaque employeur, pour lequel j’ai parfois dû me battre. Me battre pour faire supprimer des articles en lignes avec mon nom, mon prénom et ma ville de résidence.
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Aujourd’hui j’ai 25 ans, il y a encore quelques mois, il harcelait mes grands-parents en menaçant de tuer ma mère au téléphone. Il ne nous a jamais retrouvées.
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Pour la première fois de ma vie, si ma mère ne me répond pas au téléphone, je penserai qu’elle n’a juste plus de batterie. Pas qu’il est venu la tuer.
Pour la première fois de ma vie, si mon nom civil sort sur internet, ce n’est pas si grave.
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Ces violences font partie de moi que je le veuille ou non. J’ai eu longtemps honte, parce qu’on nous fait comprendre qu’il faut avoir honte. Mais ce n’est plus le cas, aujourd’hui je suis juste heureuse qu’il soit mort et j’ai besoin de le crier sur tous les toits.
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Ce soir, je vais m’endormir et je pourrais peut-être couper mon téléphone. Sans avoir peur d’un appel au milieu de la nuit de ma mère (« Il nous a retrouvées »), de la police, des urgences.
Il est mort, c’est fini, ça fait du bien
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