La mère se met à pleurer, se prenant la tête dans les mains, prostrée.
— Toubib 🩺 | Just A Word 📚 (@NightHaunter) December 14, 2023
Le père, presque en colère, me demande ce que c'est, il veut savoir.
Je ne peux lui dire que ce dont je suis sûr : une masse, il faut un prélèvement/biopsie pour savoir, je ne peux pas trancher.
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Je ne peux pas dire « C'est un cancer »
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Mais lorsqu'il me demande « est-ce que ça peut être un cancer ? », je peux lui répondre oui, c'est une possibilité.
Il me faut bien maintenir : « C'est quelque chose de grave, sérieux »
Pour marquer l'urgence et ne pas induire en erreur.
Le père me pose plein de questions, sur le traitement, le pronostic tout ça.
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Beaucoup auxquelles je ne peux pas répondre.
La mère, restera prostrée pendant tout mon entretien
Je laisse un silence, pour les laisser s'exprimer de nouveau s'ils le veulent…
Ensuite, je leur dis que c'est une nouvelle difficile, que je vais les laisser un peu seuls d'abord, qu'ils pourront me poser des questions par la suite s'ils le veulent, qu'ils peuvent même noter des questions pour ne pas oublier s'ils le veulent.
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Viens ensuite la dernière tâche : « Est-ce que vous préférez l'annoncer à votre enfant ou est-ce que je le fais moi-même ? »
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Après quelques secondes de réflexion, ils préfèrent que je le fasse.
Je vais donc voir le gamin seul et je lui explique.
Avec des mots adaptés à son âge, en essayant d'être simple et précis et, comme pour les parents, de laisser des silence pour la réflexion et de répondre aux questions.
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La réaction n'est pas aussi brutale mais la compréhension n'est pas la même. Reste que le choc est là.
Puis, je sors.
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Tout est déjà fait, l'enfant va être transféré à notre CHU.
Je repars en salle de pause, abasourdi moi-même, c'est alors ma toute première annonce.
C'était difficile, extrêmement difficile.
Avant l'annonce, j'avais des palpitations, j'ai presque eu une bouffée d'angoisse avant de frapper à la porte pour aller voir les parents.
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Puis, le sérieux reprend le dessus, la peur, c'est de ne pas être à la hauteur du moment pour ces gens et ce gamin.
Après l'annonce, une seule infirmière me demandera « Et toi, ça va ? »
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Et moi de répondre que j'ai connu des jours meilleurs.
Puis, discrètement, je suis parti aux toilettes pour pleurer un bon coup.
Et j'y repense toujours, des années plus tard, régulièrement.
Voilà la partie la plus dure de mon métier.
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La plus délicate, qui se gère mieux petit à petit avec l'expérience et plus on le fait, malheureusement.
Avant-hier, j'ai eu une autre annonce, un autre enfant, d'autres parents.
Et je crois que je ne m'y ferai jamais vraiment.
