Face au racisme du village, souvenir de ce vieil homme qui a été là pour moi
Souvenir d’enfance dans un village du Sud où un homme a su, sans mots, réparer plus qu’un vélo.
Dans les années 90, dans un petit village du Sud, une enfant jouait dehors pendant que les autres goûtaient à l’intérieur. Elle ne comprenait pas encore pourquoi certaines portes lui restaient fermées. Mais un vieil homme, dans son garage poussiéreux, l’attendait toujours avec un pneu à regonfler, une chaîne à graisser, un biscuit à partager. Des années plus tard, elle a compris qu’il ne réparait pas son vélo : il réparait un peu d’injustice.
Dans les villages, le racisme ne se crie pas, il se glisse dans les habitudes, les silences et les portes qu’on referme doucement. Quand on est enfant, on ne comprend pas tout de suite pourquoi certaines maisons nous restent interdites. On attend dehors, sans savoir qu’on apprend déjà la différence. Ici, le racisme se cache derrière la politesse et la méfiance, il se transmet sans jamais se nommer. C’est dans ces moments-là qu’on découvre, souvent trop tôt, ce que signifie être “à part”. Et parfois, au détour d’une ruelle, une seule personne suffit à réparer un peu de ce que les autres ont brisé. Un thread émouvant de @pourquoipablo.
Face au racisme du village, souvenir de ce vieil homme qui a été là pour moi :
Quand j'étais enfant, je vivais dans un petit village dans le sud. C'était les années 90, et j'avais une bande de copains et des cousins éloignés. On jouait dans les rues et les champs, et parfois on allait chez les uns et les autres pour goûter ou regarder la télé. Sauf moi. https://t.co/8zpkTzadjr
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
J'avais pas le droit de rentrer dans la plupart des maisons des parents des copains. Quand c'était pour le goûter, j'attendais dehors, mais quand c'était pour la télé et les jeux c'était trop long alors je partais, pour rentrer chez moi, je passais devant le garage d'un voisin
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
un vieux papi qui bidouillait pleins trucs dans son garage poussiéreux. Chaque fois qu'il me voyait rentrer seule il m'interpellait pour réparer mon vélo. D'après lui mon vélo avait toujours besoin d'une réparation, de gonfler un pneu, de graisser la chaine etc
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
chaque fois je passais un moment là, sa femme me donnait souvent un biscuit ou un fruit, des fois je pouvais voir les poissons dans son bassin, des fois je regardais tout les outils et trouvailles dans son garage. Le temps passait, puis les copains ressortaient dans la
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
rue, j'entendais et je pouvais les rejoindre.
C'est en grandissant que j'ai finis par comprendre que mon vélo n'a jamais rien eu.
"t'es toute seule ? où sont les copains ? Chez Mme machin ? ah je m'en doutais. Ton vélo à l'air dégonflé, rentre le."— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
En fait, il savait parfaitement que je subissais du racisme, que si je pouvais pas rentrer chez les copains c'est pcq j'étais la gamine noire de la mère-fille.
Les autres enfants comprenaient pas, on nous imposait ça en nous expliquant que c'est normal— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
à 7-8 ans tu réfléchis pas encore à ça, en tout cas pas quand personne t'explique ce qu'est le racisme. Puis on parle pas de ça dans les villages.
Alors le voisin me faisait passer le temps, me donnait un goûté et me faisait sentir privilégiée, il montrait pas les poissons— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
aux autres enfants. Il attendait avec moi que les autres reviennent sans me faire sentir que c'était pas une situation normale.
Je serais incapable de vous dire son prénom ou décrire exactement son visage.— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
Tout ce que je sais, c'est qu'un jour, j'avais 9-10 ans.
Je suis passée devant son garage. C'était fermé. Il n'était pas là, et la porte n'a plus jamais été ouverte. Je n'ai plus jamais revu ce voisin. Il est "parti se reposer dans une maison pour les pépés."— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
C'est à cette période que j'ai commencé à m'interroger et remettre en question le rejet des adultes à mon encontre. J'ai posé la question aux copains.
Un d'eux à expliqué que ses parents voulaient pas que je rentre pcq les noirs "sont sales, ont des maladies"— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
un autre à dit que son père voulait pas que je vois la maison pour pas que je dise à ma famille ce qu'il y à dedans pcq on est des voleurs et c'est "dans notre nature" on pourrait pas s'en empêcher.
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
C'est aussi à cette période qu'on à cessé d'aller chez les copains où j'étais pas accueillie, et qu'on à construit notre première cabane pour avoir un repère rien qu'à nous.
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
C'est aussi à cette période que des parents qui n'accueillaient habituellement pas, on commencé à m'ouvrir leurs portes. "tu as le droit de venir jouer ici avec mon fils, personne doit te dire le contraire."
— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
Rien n'était dit frontalement, mais tout était toujours su dans ce village.
J'oublierais jamais le voisin vélo.
D'ailleurs la porte est restée identique. pic.twitter.com/yVWNcCkHEO— Pablo 🌙 🐺 (@pourquoipablo) November 11, 2025
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