Une affiche violente en plein Octobre Rose

En pleine campagne Octobre Rose, dédiée à la lutte contre le cancer du sein, EvasHair choisit de lancer une campagne choc. Sur les affiches, visibles dans les transports parisiens, une femme noire en arrache la perruque d’une autre. Le slogan “Avec EvasHair, vous avez le choix” accompagne cette scène. Pourtant, cette image ne représente pas un choix, mais une contrainte. La personne visée ne semble pas consentir. Ce geste violent heurte particulièrement pendant une période de sensibilisation à une maladie où la perte de cheveux touche profondément. Octobre Rose invite à la solidarité, non à l’opposition. L’affiche donne au contraire l’image d’une rivalité entre femmes. Elle semble désigner celles qui portent des perruques comme fausses ou faibles. Ce message divise, au lieu d’unir autour de la beauté plurielle des femmes noires.

Une représentation raciale problématique

L’image représente deux femmes noires. Celle aux cheveux naturels retire de force la perruque de l’autre. Cette opposition suggère qu’un type de coiffure serait supérieur à un autre. Historiquement, les cheveux afro ont subi des discriminations systémiques. La perruque, souvent utilisée comme protection ou par nécessité sociale, y est montrée comme honteuse. Cela ravive un imaginaire de domination. L’idée que les cheveux naturels seraient plus légitimes que les perruques est réductrice. Les femmes noires n’ont pas besoin d’être divisées sur leurs choix capillaires. EvasHair, censée les accompagner, nie ici leur diversité. Ce visuel efface la complexité des identités. Il transforme une liberté individuelle en norme imposée. Résultat : la marque discrédite les usages capillaires qui ne correspondent pas à sa vision.

Une lecture sexiste du rapport au corps

La scène d’arrachement ne valorise pas le pouvoir de choisir. Elle nie le droit à la pudeur, à l’intimité. Arracher une perruque revient à exposer une femme contre sa volonté. Ce geste évoque l’humiliation publique. Il rappelle les agressions que subissent de nombreuses femmes pour leurs choix esthétiques. Le message d’EvasHair affirme vouloir libérer. Pourtant, il renforce les normes de beauté dominantes. Il impose un idéal, sous couvert d’authenticité. Ce n’est pas une célébration des femmes noires, mais une mise en concurrence. Leur liberté est instrumentalisée à des fins commerciales. Cette campagne ne construit pas un imaginaire inclusif. Elle renforce les stéréotypes au lieu de les combattre.

Un échec marketing et une faute politique

Sur le plan marketing, la campagne échoue. Le produit est invisible. Le message est brouillé. La violence de l’image attire plus que l’offre. Politiquement, c’est un revers grave. Le cheveu afro n’est pas un accessoire neutre. C’est un symbole de lutte, de mémoire, de fierté. En voulant affirmer un choix, EvasHair impose un modèle. Elle exclut des parcours capillaires multiples et souvent douloureux. Dans une société encore marquée par le racisme, les femmes noires subissent des pressions immenses. Une marque ne peut pas prétendre les soutenir tout en attaquant une partie d’entre elles. Le marketing ne peut se faire au détriment de la dignité. Les cheveux noirs sont politiques. Ils méritent mieux que des campagnes qui effacent leur histoire.

 
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