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Langue créole interdite d’excellence 

Par Parlons Large 22/10/2025

En 2026, l’agrégation de créole est suspendue. Une décision violente. Elle nie l’existence d’une langue française issue de la colonisation, parlée par plus d’un million de citoyens. Cette exclusion brutale du concours d’excellence révèle le mépris institutionnel pour les cultures ultramarines. Derrière le prétexte administratif, un effacement politique. Le créole devient une langue de trop dans une République qui prétend célébrer la diversité. Refuser d’enseigner le créole à haut niveau, c’est condamner une mémoire, une culture, un droit. Cette décision n’est ni neutre, ni technique. Elle est idéologique. Elle confirme ce que beaucoup dénoncent déjà : la France méprise ses enfants.

L’absence de la langue créole dans le programme 2026 de l’agrégation des langues régionales françaises a suscité une vague d’indignation et d’interrogations. La nouvelle publication officielle ne comprenait pas cette option, ce qui a immédiatement mobilisé les syndicats enseignants et les parlementaires ultramarins, qui dénoncent une forme de « mépris » institutionnel.

 

Face à la polémique, le ministère de l’Éducation nationale a confirmé la non-ouverture du concours d’agrégation de Langue Vivante Régionale (LVR) – option créole pour 2026, tout en assurant qu’il s’agirait d’un ajustement temporaire dans le cadre d’une réorganisation, et non d’une suppression définitive. Cette décision n’en demeure pas moins symboliquement lourde pour une langue pratiquée quotidiennement par des milliers de citoyens français, et considérée comme la plus parlée des langues régionales de France.

 

Origines des langues créoles

 

Les langues créoles sont nées dans le contexte de la colonisation européenne du XVIe au XIXe siècle. Le contact forcé entre les colons européens et les populations déportées d’Afrique ou d’Asie a donné naissance à des langues nouvelles. Sur les plantations esclavagistes, une langue simplifiée est apparue, puis s’est transformée en langue maternelle : le créole.

 

Ces langues sont dites « à base lexicale française » quand elles tirent l’essentiel de leur vocabulaire du français. On les retrouve en Martinique, Guadeloupe, Guyane, Haïti, La Réunion, Maurice, Seychelles, Louisiane et Nouvelle-Calédonie. Chaque créole est unique, mais tous partagent une origine coloniale, une structure grammaire propre, et un ancrage populaire fort.

 

Les créoles sont de jeunes langues, mais ce sont des langues à part entière. Elles ont une grammaire propre, un lexique riche et sont parlées comme langue maternelle. Elles ne sont pas compréhensibles spontanément par des francophones, ce qui souligne leur autonomie linguistique.

 

 

 

Une reconnaissance institutionnelle tardive

 

Malgré leur vitalité, les langues créoles ont longtemps été dénigrées. Surtout à l’école républicaine qui les considérait comme des patois sans valeur. Jusqu’au 20e siècle, parler créole à l’école était stigmatisé : seul le français permettait de réussir socialement.

 

C’est seulement en 2000 que l’État reconnaît officiellement les langues créoles comme faisant parties du patrimoine linguistique français. En 2001, le CAPES de créole est créé pour recruter des professeurs certifiés. Bien après le breton ou le corse, l’agrégation n’apparaît qu’en 2019.

 

Cette reconnaissance tardive est le fruit de combats militants portés par des figures comme Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau ou Raphaël Confiant. L’agrégation de créole était la preuve que la langue était enfin jugée comme une langue.

 

 

 

Conséquences éducatives et culturelles

 

La suppression du concours prive les étudiants d’une voie d’excellence. C’est une opportunité professionnelle en moins, mais surtout un signal négatif pour tous ceux qui croient en la valeur éducative du créole. Cela risque de décourager des vocations.

 

Pour les enseignants en poste, cela signifie moins de recrutement de haut niveau, moins de possibilités de progression, et une moindre visibilité institutionnelle. À terme, la filière créole pourrait apparaître comme une voie sans débouchés, menaçant son développement dans le secondaire et le supérieur.

 

Culturellement, le risque est une dévalorisation de la langue. Le créole est porteur d’une identité forte, d’un imaginaire, d’un savoir. Si l’institution ne le reconnaît plus, les jeunes peuvent être tentés de l’abandonner. La langue risque alors de se perdre, avec tout ce qu’elle porte de mémoire et de créativité.

 

 

Une discrimination linguistique assumée ?

 

La colère des élus ultramarins est justifiée. Le créole est la langue régionale la plus parlée de France. Pourquoi serait-elle la seule exclue du concours ? La question dépasse la linguistique : elle touche à la dignité des citoyens d’Outre-mer.

 

Certains dénoncent une incohérence : initialement, toutes les langues régionales avaient disparu du programme. Puis, le breton, le corse et l’occitan ont été réintégrés. Sauf le créole. Ce traitement spécifique ressemble à une relégation ciblée.

 

Il est urgent que le ministère tienne sa promesse de réouverture en 2027. Sinon, cette suspension temporaire deviendra une exclusion durable. Et là, le message serait clair : les langues issues de la colonisation n’ont pas leur place dans l’école de la République.

 

Entre recul et résistance

 

Supprimer l’agrégation de créole, même temporairement, c’est faire reculer la reconnaissance d’une langue française à part entière. Cela affaiblit un pilier culturel majeur des Outre-mer.

 

Ce choix remet en question l’égalité de traitement des langues régionales. Il menace l’avenir de l’enseignement du créole et la transmission de cette langue aux jeunes générations. Il heurte le principe d’unité dans la diversité.

 

Face à cela, la mobilisation des élus, enseignants, chercheurs et citoyens est essentielle. Le créole n’est pas un folklore : c’est une langue vivante, riche, et française. La France ne peut prétendre à la diversité si elle marginalise ceux qui la portent dans leur langue.

 

 

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