Pourquoi le rose fait encore peur aux hommes en 2025 ?
Les raisons ont beau être connues, cela ne change pas beaucoup.
Le rose, couleur aujourd’hui associée au féminin, reste pour beaucoup d’hommes une teinte difficile à revendiquer. Porter une chemise rose, acheter un objet de cette couleur ou offrir un jouet rose à un garçon provoque encore des regards interrogateurs, voire des moqueries. Mais cette résistance n’est pas naturelle : elle est le fruit d’une construction historique, culturelle et sociale.
Dans l’histoire :
Historiquement, l’association des couleurs au genre était différente. Jusqu’au XIXème siècle, le rouge et ses déclinaisons, dont le rose, étaient considérés comme des couleurs viriles. Le rouge, couleur du sang, de la guerre et de la puissance, ornait les uniformes militaires et les vêtements masculins. À l’inverse, le bleu, associé à la Vierge Marie, symbolisait la douceur, la pureté et la féminité. Ce n’est qu’au début du XXème siècle, notamment sous l’influence de la mode et du marketing, que les codes se sont inversés : le rose est devenu “couleur des filles”, le bleu celle des garçons. Ce basculement n’a rien de biologique ou de naturel, il illustre la manière dont la société fabrique des symboles de genre arbitraires.
Figure toi qu'avant, le bleu c'était une couleur pour les filles
Le rose ce n'est rien d'autre que du rouge clair. Ça symbolise la force, la virilité et la guerre.
Le rose, c'est une couleur de gars bien viril bien musclé bien fort https://t.co/wz4Kc4dKxn
— Mylou (@ant_in_the_butt) August 25, 2025
Au Moyen-âge, les petits garçons s'habillaient en rose et les petites filles s'habillaient en bleu. Le bleu était associé à la Vierge Marie, et le rose associé à la virilité. Aussi, avant le milieu du XIXe siècle, les garçons et les filles portaient des robes avec ces couleurs. pic.twitter.com/IwIeo1CZiN
— Bouteflikov™ (@Bouteflikov) January 30, 2023
Fille, c’est fille et garçon, c’est garçon !
Cette logique s’impose très tôt, notamment à travers les jouets. Dans les rayons des magasins, la séparation est nette : d’un côté les poupées, cuisines miniatures et accessoires roses destinés aux filles ; de l’autre, les jeux de construction, voitures et figurines bleues pour les garçons. Cette mise en scène codée inculque dès l’enfance qu’un garçon qui aime le rose transgresse une frontière sociale. Les couleurs deviennent alors un marqueur identitaire : elles disent non seulement “qui tu es”, mais aussi “ce que tu dois être”. Le rose, réduit au féminin, devient interdit aux garçons, sous peine d’être moqués ou jugés.
Rose pour les filles, bleu pour les garçons : jouets et genre, quand les clichés ont la vie dure pic.twitter.com/i8RYOeOx6D
— INA.fr (@Inafr_officiel) December 18, 2019
À quand les paquets neutres pour les jouets ?
Pour qu'on puisse acheter un jouet juste parce qu'il plaît au gamin sans qu'il soit influencé par le rose/bleu.— Caro Miaou (@Caro_Miaou) November 20, 2017
Une homophobie latente :
À cette pression s’ajoute une dimension encore plus sensible : l’homophobie. Dans une société où l’hétérosexualité est érigée en norme, tout signe perçu comme “efféminé” chez un homme est suspect. Porter du rose, c’est risquer d’être catalogué comme faible, sensible, voire homosexuel — une insulte encore trop fréquemment utilisée dans les cours de récréation. La peur d’être rejeté, stigmatisé ou remis en cause dans sa “virilité” alimente donc la réticence masculine face à cette couleur. Ici, ce n’est pas le rose en lui-même qui dérange, mais ce qu’il symbolise : une remise en question de la masculinité traditionnelle.
Comment un homme peut penser qu’en portant une chemise rose ou une montre rose il va devenir gay?
Ça a même un sens?— Mirko💜🐰🇨🇲 (@Thelmapurple) February 11, 2025
Les hommes ils vont te montrer deux perso mecs qui sont clairement amoureux ils vont te dire "mais non ils sont pas gays vous voyez ça partout" pour ensuite te dire que mettre du rose ça fait trop gay
Vous captez pas les indices là où il faut pic.twitter.com/BLa6jpqoIK— Em ✿| Skip Beat propaganda (@Ouelementary) July 19, 2025
Pour conclure :
Malgré tout, les codes évoluent. Depuis quelques années, certaines figures publiques (sportifs, chanteurs, acteurs) réhabilitent le rose dans la mode masculine. Des chemises pastel aux baskets fluorescentes, la couleur s’impose progressivement comme un signe d’assurance, voire de modernité. Porter du rose n’est plus forcément un aveu de faiblesse, mais peut devenir une manière de défier les normes. Cette réappropriation reste cependant fragile, car elle dépend du contexte social et de la manière dont elle est perçue par le groupe.

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