Baisse de natalité : les hommes veulent plus d’enfants que les femmes
Voilà un sujet qui fait régulièrement la une en France : les femmes font de moins en moins d'enfants. Mais comment s'explique réellement cette baisse de natalité et de désir d'enfants chez les femmes ? Les études montrent pourtant que les hommes souhaitent des enfants. On décrypte ensemble.
L’actu est tombée le mois dernier : selon l’Insee, il y a eu plus de décès que de naissances en France cette année. L’écart est faible, 1000 personnes, mais suffisant pour créer une panique morale à droite de l’échiquier politique, d’autant plus qu’il s’agit d’une première depuis 1944, lorsque nous étions en pleine guerre mondiale. Sommes-nous donc obligés de croître à l’infini ? Une société dont la population reste stable, voire diminue un peu, est-elle vraiment en déclin ?
La plupart de ceux qui abordent le sujet semblent s’accorder sur le fait de devoir agir contre cette “dénatalité”.
Comment aider à la natalité ?
On parle ici de populationnisme, une doctrine politico-sociale favorable à l’accroissement de la population d’un territoire ou d’un État par la natalité et/ou l’immigration. La France est plus spécifiquement nataliste, c’est-à-dire qu’elle va favoriser la natalité et avoir une politique plus restrictive sur l’immigration (ça ressemble à beaucoup de pays occidentaux).
Ces derniers temps, plusieurs pays essayent d’encourager la natalité, notamment la France où Emmanuel Macron nous parle de “réarmement démographique” et de “grand plan” de lutte contre l’infertilité, un vocabulaire de guerre qui considère le fait de procréer comme un devoir moral envers son pays. Nombreuses et nombreux sont ceux qui pensent ainsi.
Sauf que depuis plusieurs années, la décision d’avoir des enfants repose majoritairement sur les femmes, qui souhaitent de moins en moins en avoir. Cela est lié à différents facteurs : difficultés à accéder à un emploi stable, changement d’aspirations, inquiétude au sujet de l’avenir de la planète, etc. Fatalement, les femmes font moins d’enfants et le sujet ressort donc régulièrement dans les journaux : “Baisse de la natalité : les chiffres qui angoissent la France” (Les Echos), “Chute de la natalité en France : les pistes de l’Académie de médecine pour inverser la tendance” (L’Express), “Démographie : pourquoi le déclin français doit nous inquiéter” (Le JDD). Une thématique récemment abordée dans un thread.
Les hommes veulent davantage d’enfants que les femmes
Tout commence avec une conversation entre hommes qui parviennent à la conclusion que le souci de la baisse de natalité c’est : les femmes.
@peterjhasson : “Je crois vraiment que le taux de natalité serait bien plus élevé si davantage de mecs réalisaient que lorsque vous avez un fils de trois ans, vous pouvez faire du catch quand vous voulez et aussi souvent que vous voulez.”
@TonerousHyus : “Les hommes ne sont pas le problème. Sondage après sondage, les hommes veulent plus d’enfants et les hommes sans enfants expriment un désir d’enfants bien plus élevé que les femmes.”
Men aren’t the problem. Poll after poll shows men want more kids and childless men report much higher levels of desire for children than women do. https://t.co/JfSQzkhAoJ
— Latinx Adjacent Doctor PhD (@TonerousHyus) August 20, 2025
“Les hommes veulent pouvoir léguer quelque chose et ils aiment voir des versions miniatures d’eux-mêmes. Deux de mes fils sont mes clones.
Ce n’est pas un manque d’envie de plus de petits clones mdr.”
Men really like legacy and really like seeing little mini versions of themselves. Two of my sons look like my clones.
It’s not lack of desire for more little clones lol
— Latinx Adjacent Doctor PhD (@TonerousHyus) August 20, 2025
Tout d’abord, il y a peut-être un souci à expliquer et envisager la parentalité comme simplement “jouer au catch avec ses fils”, où on exclut les filles et les bébés (pour une grande majorité d’hommes, l’intérêt envers leurs enfants ne s’éveille qu’à partir du moment où ils peuvent jouer et dialoguer avec eux, avant ça les enfants sont déconsidérés) ainsi que la vie quotidienne : aucun plaisir n’est possible quand on s’occupe de ses enfants en dehors des jeux. Mais admettons qu’il s’agisse d’un trait d’humour un peu beauf – qui risque malgré tout d’être très mal vu chez votre partenaire si jamais vous souhaitez des enfants avec iel.
Passons à ce que nous raconte le second protagoniste : les hommes voudraient plus d’enfants que les femmes. Plusieurs études le démontrent effectivement, pour plein de raisons qui vont être détaillées ci-dessous. L’autre point important dans son propos, c’est qu’il explique que c’est trop bien, en substance, d’avoir des miniatures de soi et de pouvoir léguer quelque chose, comme son nom par exemple.
Selon lui, c’est uniquement cette volonté de vouloir transmettre des choses à des “mini-soi” qui donne envie aux hommes d’avoir des enfants. Il décrit noir sur blanc la vision simpliste des hommes (ceux qui ont peu de notions égalitaires) sur la paternité et c’est précisément ce qui pose problème aux femmes.
@MarthaAhumuza a donc fait un thread qui expose les mécaniques sociales qui poussent les femmes à faire moins d’enfants. Elle détaille la différence de vision des hommes et des femmes sur le “devenir parent”, et explique que tant que ce gouffre de perception persistera, les femmes resteront plus réticentes à faire des enfants.
Pourquoi les femmes ne veulent plus d’enfants
“Le problème n’est pas que les hommes veulent plus d’enfants, mais que trop d’entre eux en veulent sans réorganiser leur vie pour assumer le fardeau de la parentalité. Si les hommes combinaient leur désir avec une volonté parentale égale, comme se lever la nuit, prendre des rendez-vous,”
The problem isn’t that men want more children but that too many men want them without restructuring their own lives to carry the burden of parenthood. If men matched their desire with an equal willingness to parent like taking the night shifts, booking the appointments, https://t.co/xiI1kJcW0Y
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“accepter de faire des sacrifices professionnels, les femmes seraient plus ouvertes à l’idée. En attendant, elles refusent tout simplement d’être celles qui paient le prix fort pour le rêve d’un autre. Ce n’est pas de l’égoïsme mais une leçon durement acquise au fil des siècles, à force de répéter aux femmes que la famille est”
shouldering the career sacrifices then women would be more open to the idea. Until then,women are simply refusing to be the ones who pay the highest price for someone else’s dream. That’s not selfishness but wisdom hard earned through centuries of women being told that family is
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“tout pour finalement découvrir que “tout” signifiait en réalité que c’était à elles de “tout” faire. Les femmes sont de moins en moins disposées à se tuer à la tâche pour accomplir les rêves des hommes. Elles prennent des décisions rationnelles quant à leurs capacités et disent “non”, non parce qu’elles n’aiment pas les enfants”
everything only to find out that "everything" really meant everything is theirs to do. Women are increasingly unwilling to subsidize men’s dreams with their own exhaustion. They are making rational decisions about their capacity and saying no not because they don’t love children
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“mais parce qu’elles savent que l’amour seul ne permet pas d’éviter le burnout, les carrières professionnelles qui stagnent, les frais de garde d’enfants inabordables ou l’effacement silencieux de la personnalité qui arrive lorsqu’un seul parent assume la plus grande part de l’éducation des enfants. Alors, quand les hommes disent vouloir plus d’enfants, les femmes entendent quelque chose de différent, comme :
but because they know love alone doesn’t neutralize burnout, stalled careers,unaffordable childcare or the silent erosion of identity that comes when one partner carries the bigger share of parenting. So when men say they want more children women hear something different like,
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“J’aime l’idée d’avoir plus d’enfants, mais je n’ai pas encore réfléchi à qui les élèvera. C’est comme quelqu’un qui rêve d’un chiot sans savoir qui le promènera ou nettoiera les saletés sur le tapis. Les femmes ont pris conscience d’une vérité que les générations précédentes avaient souvent encaissée,”
I want the idea of more children but I haven’t accounted for who will actually raise them. It’s similar to someone who dreams of a puppy without calculating who will walk it or clean the accidents on the rug. Women have woken up to a truth previous generations often swallowed
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“à savoir que la parentalité n’est pas un partenariat à 50/50, même lorsque les deux partenaires y croient. Étude après étude, même dans les ménages à deux revenus, on a la confirmation que les femmes assument davantage la garde des enfants et les tâches domestiques. Ce n’est pas une question de choix personnel, mais plutôt de construction culturelle.”
that parenting is not a 50/50 partnership even when both partners believe it will be. Study after study confirms that even in dual earner households women shoulder more childcare and more domestic work. This isn’t a matter of personal choice but even the cultural infrastructure.
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“L’école appelle, on appelle maman. Enfant malade ? Maman réorganise son travail. Être parent par défaut n’est pas un titre que les femmes choisissent, mais un titre que la société leur confère et la plupart des hommes, même les plus attentifs, l’acceptent inconsciemment. Pour beaucoup d’hommes, les enfants existent au niveau du « désir » d’héritage et de continuité. Pour les femmes”
School calls,they call mom. Sick child? Mom rearranges work. Default parent is not a title women choose but one society bestows and most men even good men unconsciously accept it. For many men,children exist at the level of "want" the dream of legacy and continuity. For women
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“les enfants existent au niveau du travail, des biberons à donner la nuit, des visites pédiatriques, des interruptions de carrière non rémunérées, etc. Cette asymétrie est à l’origine de cet écart. Lorsque les hommes manifesteront systématiquement leur désir d’avoir le rôle de parents autant que de procréer, les préférences des femmes évolueront.”
children exist at the level of work,midnight feeds, pediatric visits,unpaid career breaks etc. That asymmetry is what drives the gap. When men show consistentl that they want to parent as much as they want to procreate then women’s preferences will shift.
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
“D’ici là, beaucoup de femmes prendront la décision rationnelle de choisir une taille de famille qui ne les effacera pas.”
Until then,many women are making a rational decision of choosing the family size that doesn’t choose them last.
— Martha Ahumuza (@MarthaAhumuza) August 21, 2025
Sachez en outre que les hommes qui ont une conception égalitaire du couple et de la parentalité veulent moins d’enfants que les hommes qui laissent reposer la charge sur les femmes. À partir de là, deux options s’offrent aux politiques natalistes : restreindre à nouveau la liberté des femmes (ça fonctionnait bien), ou bien mettre en place des politiques plus égalitaires et facilitatrices pour les parents, surtout les femmes.
Dans l’histoire, les politiques natalistes sont largement en défaveur des femmes, rendant moins accessibles les moyens de contraception, sanctionnant strictement l’avortement, diffusant des messages de propagande (ex : avec des enfants vous serez heureux, sans enfants vous serez tristes), glorifiant le statut des femmes au foyer tout en s’adressant directement aux hommes, les femmes n’ayant pas voix au chapitre.

On termine sur d’autres réactions pour compléter
“Les hommes doivent comprendre que lorsqu’ils disent « je veux 4 enfants », les femmes entendent « je veux que tu donnes naissance à 4 enfants et que tu les élèves pendant que ma vie reste la même à 30-70 % ».”
Ndlr : En évoquant les 30-70 %, elle insinue que les femmes voient leur vie tellement changer en devenant mères qu’elle est à 0 % la même, alors que l’impact sur la vie des hommes qui deviennent pères est nettement moindre.
men need to realize that when they say “i want 4 kids” what women hear is “i want you to birth and raise 4 children while my life stays 30-70% the same” https://t.co/9aJTyHEh2W
— trash jones (@jzux) August 21, 2025
“Il y a une différence entre vouloir un enfant et vouloir élever un enfant. Comme on l’a déjà dit, les hommes veulent un enfant comme un enfant veut un chiot, en sachant que maman finira par faire tout le boulot ou presque. Il y a une raison pour laquelle les mères célibataires sont plus nombreuses que les pères célibataires.”
there’s a difference between wanting a child and wanting to raise a child. like it’s been said before, men want a child like a child wants a puppy, knowing mom will end up doing most of the work. there’s a reason single moms outnumber single dads. https://t.co/0IRg30sT5o
— 🌙 (@ninifems) August 21, 2025
“Je pense que 75 % des femmes sans enfants en voudraient si nous envisagions la parentalité comme un homme : pas de grossesse, pas d’accouchement, pas de changement de vie, pas de responsabilités, juste être la « maman cool ».”
I think 75% of childless women would want children if we could have them like a man: no pregnancy, no birth, no lifestyle changes, no responsibility, just being "fun mum" https://t.co/WVshkaDq5N
— Tanja Wilbury (@Tanja__L) August 21, 2025
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