Loi Duplomb : la France répète l’erreur du chlordécone
La France a déjà connu un scandale sanitaire majeur avec l’utilisation du chlordécone. Pourtant, elle s’apprête à reproduire la même erreur en adoptant la loi Duplomb. Cette loi autorise à nouveau des pesticides toxiques autrefois bannis. L’histoire se répète : la santé publique risque d’en payer le prix.
Chlordécone : un poison durable et un précédent ignoré
Entre 1972 et 1993, le chlordécone était pulvérisé dans les bananeraies antillaises.
Ce pesticide persistant pollue toujours les sols et les eaux.
Selon Santé publique France (Reporterre), 92 % des Martiniquais et 95 % des Guadeloupéens sont contaminés.
Le risque de cancer de la prostate atteint 227 cas pour 100 000 hommes, contre 88 en hexagone.
❌Chlordécone : une marche solidaire partie de Versailles pour dénoncer l’empoisonnement aux pesticides
👉Les objectifs : alerter sur l’empoisonnement des populations, exiger des mesures de l’État et mobiliser la jeunesse.
📲💻https://t.co/msyl4WLQK6pic.twitter.com/zZArODXNNX
— La1ère.fr (@la1ere) August 3, 2025
📺 Dans un film d’une grande puissance, Florence Lazar décrit les résistances qui s’inventent face aux ravages du chlordécone en Martinique. À cet endroit où les luttes écologistes et anticoloniales se renforcent.
À voir sur Mediapart 👉 https://t.co/DPr88KUBgTpic.twitter.com/ruSBKCRx89
— Mediapart (@Mediapart) September 24, 2023
Le chlordécone continuera à polluer l’environnement antillais pendant 700 ans. Des milliers d’ouvriers agricoles et de riverains ont été exposés sans le savoir. Ils ont été victimes d’un système qui a privilégié les profits agricoles sur leur santé. Aujourd’hui encore, cette plaie écologique et sanitaire n’est pas refermée.
En janvier 2023, la justice a prononcé un non‑lieu, alors que des familles antillaises subissent cancers, troubles neurologiques, infertilité et naissances prématurées. Pourtant, loin d’en tirer les enseignements, le gouvernement s’engage dans une voie similaire avec la loi Duplomb. En effet, certains qualifient déjà l’acétamipride de « chlordécone de la métropole ».
"Moins on utilise de pesticides, moins on en a besoin", déclare @BenoitBiteau (Ecologiste et Social).
"L'acétamipride c'est le chlordécone de la métropole."#DirectANpic.twitter.com/0q7uApzx8h— LCP (@LCP) May 26, 2025
Le nouveau "chlordécone de l'hexagone" !
C'est ce que dit un directeur scientifique INRAE d'un pesticide que la minorité présidentielle veut réautoriser.
Comme le chlordécone, il pourra empoisonner, parfois tuer, des milliers de personnes parce qu'on l'aura interdit trop tard. pic.twitter.com/5hnnNvexeo
— Aurélie Trouvé (@TrouveAurelie) May 27, 2025
Loi Duplomb : le retour inquiétant des pesticides interdits
Malgré une mobilisation massive de la gauche et des écologiques, la loi Duplomb est adoptée en juillet 2025 à 316 voix contre 223. Elle permet de déroger à l’interdiction de certains insecticides néonicotinoïdes, en particulier, elle rouvre la porte à l’acétamipride. L’acétamipride était interdit en France depuis 2018 à cause de ses risques pour les abeilles. Ce sont les très gros lobbys agro-alimentaires, comme la FNSEA, qui sont à l’origine de cette loi dont Laurent Duplomb. Le sénateur LR est également agriculteur pour la FNSEA, peut être une coïncidence…
"Cette loi Duplomb c'est la quintessence d'une mission de lobbying par la FNSEA. Quand on regarde les amendements déposés par les députés LR et RN, ils étaient corédigés avec la FNSEA. Le syndicat a pesé de tout son poids pour inscrire ses revendications dans ce texte." @llavocatpic.twitter.com/2ou5zJW75M
— C dans l'air (@Cdanslair) July 21, 2025
Vous vous rendez compte à quel point le lobby contrôle les politiques?
Parmi les 53 personnalités auditionnées pour la loi Duplomb, il n'y a aucun scientifiques : pas de médecin, de toxicologue, d’épidémiologiste…
Et on parle d’une loi qui autorise l’utilisation de pesticides.🤬 pic.twitter.com/YnN8EYU2OG— Kunta van den Kinté (@denkinte_2) July 29, 2025
« L’acétamipride est très soluble dans l’eau. Il peut se déplacer en dehors des parcelles traitées et affecter l’ensemble des insectes. »
🐝 Pourquoi la loi Duplomb inquiète les scientifiques ?
L’entomologiste Philippe Grandcolas répond aux défenseurs de la loi Duplomb, et met… pic.twitter.com/YV34L1gwSD— Vakita (@vakitamedia) July 23, 2025
Acétamipride: l’insecticide qui menace les abeilles, les oiseaux et les mammifères
L'insecticide controversé réintroduit par la loi #Duplomb affecterait en réalité l'ensemble du vivant, et nous n'y ferions pas exception…https://t.co/Lg7ujlYu6tpic.twitter.com/wFkJzDCIHr— Info vétérinaire (@Vetitude) July 23, 2025
Elle a également un impact sur nous, l’EFSA alerte sur des risques neurologiques, hormonaux, épigénétiques et cancers liés à l’acétamipride. On se souvient encore du cri de rage de Fleur Breteau dans l’Hémicycle, juste après l’adoption de la loi Duplomb : « Vous êtes les alliés du cancer ! ». Fondatrice du collectif Cancer Colère, Fleur incarne aujourd’hui la colère d’une population trahie. Sa voix porte celle de milliers de citoyen·nes inquiet·es face à une loi qui autorise l’empoisonnement légal.
Hier, l’Assemblée adoptait la loi Duplomb, qui autorise le retour d’un néonicotinoïde dangereux pour la santé.
Après le vote, Fleur Breteau (fondatrice du collectif Cancer colère), s'est levée et a crié : « Vous êtes des alliés du cancer, et on le fera savoir ! » pic.twitter.com/LydOMYp5mr
— Glupatate (@Glupatate) July 9, 2025
Pour la 1000è fois. Pas " Une femme ".
Fleur Breteau, militante à @CancerColere et souffrant d’un deuxième cancer du sein. https://t.co/RdLD8Db0pb— Ultimes scories (@PanettonePazzo) July 9, 2025
Mobilisation citoyenne : santé publique contre intérêts économiques
Face à cette régression, la société civile s’est mobilisée avec une ampleur inédite. En dix jours, plus d’1 million de personnes ont signé la pétition demandant l’abrogation de la loi Duplomb. Fin juillet 2025, cette pétition a franchi le cap des 2 millions de signatures : un record absolu en France.
Le fait que la pétition contre la loi Duplomb est en passe d'atteindre 1 million de signatures démontre à quel point ce sont bien les élites politiques et économiques qui sont en guerre contre le vivant, et non le peuple, qui veut laisser à ses enfants une planète habitable.
— Mickaël Correia (@MickaCorreia) July 20, 2025
Ce succès populaire dépasse les clivages habituels entre « écologistes » et « agriculteurs ». Il exprime un ras-le-bol général contre le retour de pesticides dangereux. Dans un contexte où les manifestations climatiques et sanitaires sont souvent ignorées ou réprimées, cette pétition est devenue un exutoire démocratique. Des milliers de citoyens font front commun pour exiger que la santé publique prime sur les logiques de rendement à court terme. Le message est clair : on ne veut plus revivre un nouveau chlordécone.
#LoiDuplomb: ça y est, les 2 millions sont franchis. C'est formidable. Qui l'aurait cru ? On continue bien sûr, car chaque signature est 1 rempart contre cette loi délétère & aussi 1 borne dans la mobilisation contre l'envahissement de nos vies par les intérêts mercantiles. pic.twitter.com/tNTtY3OvlZ
— Memorial 98 (@98Memorial) July 28, 2025
Ce soir, dans un débat sur la loi Duplomb, Sandrine Rousseau rappelle qu’au nom de la rentabilité, on a empoisonné la Martinique et la Guadeloupe, où 90 % de la population a des traces de chlordécone dans le sang. Et en face, on lui parle de betteraves et de noisettes… 🤦🏾♂️🙃 pic.twitter.com/IRBiJihdgu
— Kunta van den Kinté (@denkinte_2) July 21, 2025
Loi #Duplomb : "Cette loi ne répond en rien à notre revendication principale qui est de vivre dignement de notre métier. Elle ne va profiter qu'à une petite poignée d'agriculteurs, toujours les mêmes, qui sont poussés par la FNSEA", critique @ThomasGibert87 (@ConfPaysanne).#CVRpic.twitter.com/Yk68SoPDrQ
— LCP (@LCP) July 8, 2025
La pression populaire a forcé les institutions à réagir. Grâce aux plus de 500 000 signatures recueillies en quelques jours, un débat parlementaire devra être organisé sur le sujet. Cependant, ce débat ne pourra en aucun cas annuler le texte déjà voté. La présidente de l’Assemblée a été claire : pas question de détricoter la loi Duplomb.
Le gouvernement compte bien la promulguer coûte que coûte. Les opposants espèrent encore un sursaut. Certains députés réclament que le Président de la République use de son pouvoir pour renvoyer le projet en nouvelle lecture. Ils estiment que l’indignation massive le justifie.
🔴 « Vous pouvez user votre salive, je ne vais pas vous répondre ! » me lance la porte-parole du gouvernement.
Ma question est simple : n'est-ce pas problématique que d’avoir un lobbyiste #FNSEA comme collaborateur parlementaire puis directeur de cabinet ?#Duplomb#LoiDuplombpic.twitter.com/06vKyTI9j1
— Cemil Şanlı (@Cemil) July 31, 2025
Hey les 2 millions de signataires de la pétition contre la loi Duplomb, le gouvernement a un message pour vous : https://t.co/enqoKpgHhbpic.twitter.com/jXoaJ2ig4p
— Les infiltrés (@Les__Infiltres) July 29, 2025
Le gouvernement justifie la loi Duplomb par de nobles intentions : produire plus, protéger nos agriculteurs, garantir la compétitivité… Mais ces arguments s’écroulent un à un. La vidéo suivante débunk point par point ces mensonges d’État.
On débunke 4 mensonges du gouvernement sur la Loi Duplomb, rejetée par plus d’un million et demi de Français dans une pétition
➡️ https://t.co/GsZQMeIfMepic.twitter.com/slnCv8LU9s
— L'Humanité (@humanite_fr) July 23, 2025
Le gouvernement justifie la loi Duplomb par la compétitivité agricole.
Il argue que l’acétamipride reste autorisé chez nos voisins européens, et qu’il serait injuste de priver les betteraviers ou arboriculteurs français d’un « atout » chimique que d’autres utilisent. Mais raisonner par le bas est un non-sens. Ce n’est pas parce qu’ailleurs des pesticides dangereux continuent d’être employés que la France doit s’aligner sur ces mauvaises pratiques. À l’inverse, notre pays devrait montrer l’exemple en protégeant ses pollinisateurs, ses terres et sa population.
Revenir sur une interdiction motivée par des preuves scientifiques, c’est fonctionner à l’envers : on sacrifie la santé au nom des intérêts économiques immédiats, alors qu’il faudrait investir dans des solutions agricoles durables. L’enjeu est d’éviter un nouveau scandale sanitaire. Il est impératif de décontaminer nos politiques agricoles des influences néfastes et de mettre la santé publique avant des aspects de rentabilité.
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