Allez, je vous raconte pourquoi cette année j'ai pas fait ma rentrée. Trigger Warning : éducation nationale 🤡

— Schnappi (@InfernoSchnapp) September 11, 2024

Pour le contexte, je reprends l'histoire depuis le début. Je suis professeur d'allemand depuis 8 ans, je viens de passer 5 ans dans un établissement qui se situait à 2h de route de mon domicile (et du conjoint qui va avec). Pendant ces 5 ans j'en ai bien bavé niveau fatigue

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mais j'ai pris sur moi pour tenir le temps d'accumuler suffisamment de points pour rentrer et espérer obtenir un poste / une zone de remplacement intéressante. Mars 2024, j'obtiens ma mutation avec 1450 points (pour les non profs qui n'en ont pas la notion, c'est énorme).

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A noter que je mute avec autant de points pour deux raisons : je viens de passer 5 ans dans un établissement REP+ (considéré plus difficile/usant que la norme) et 5 ans éloignée de mon conjoint. Donc let's go, l'éduc nat m'accorde un bonus pour bouger plus rapidement.

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Sauf qu'en juin je découvre dans quel établissement je suis affectée et là c'est la douche froide : il y a deux établissements (poste partagé) et ils se situent… encore plus loin de chez moi que là où j'étais avant. On compte minimum 2h30 de trajet aller, donc 5h aller/retour.

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Je formule une demande de révision d'affectation auprès du rectorat en expliquant que j'habite trop loin des établissements où on m'a affectée, ce qu'ils savent (vous vous souvenez, ils ont mon adresse depuis le départ puisqu'ils ont reconnu l'éloignement de conjoint).

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J'y ajoute une lettre de mon médecin traitant qui me suit depuis ces cinq dernières années et était assez inquiet ces derniers temps notamment parce qu'il y a eu un matin d'avril/mai où j'ai pris la bagnole et fait une absence totale pendant 2h. Trop de fatigue.

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Ma demande de révision d'affectation est refusée. On m'explique que ma situation n'est pas prioritaire, tant pis si je suis pas contente, ciao bye bye.

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Mon médecin traitant m'oriente vers la médecine préventive du travail (du rectorat) pour faire reconnaître mon état de fatigue. J'y vais. Le médecin du rectorat arrive à la même conclusion que mon médecin traitant et rédige une préconisation pour me rapprocher de mon domicile.

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Le rectorat reçoit la préconisation et… refuse, encore une fois, de changer mon affectation. Pas de besoins ailleurs, pas de possibilité de me remplacer là où je suis actuellement. C'est sans doute dangereux pour ma santé d'y aller mais c'est comme ça 🙃

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Mes représentants syndicaux (SNES❤️) ne lâchent pas l'affaire et continuent d'aller au rectorat pour demander à ce qu'on modifie mon affectation. Un secrétaire excédé finit par leur dire qu'en allemand, c'est vraiment trop compliqué, ils n'ont aucune marge de manœuvre.

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Alors, bon. En réalité, il y aurait bien moyen de me faire intégrer le vivier des remplaçants en allemand sur une autre zone et de m'appeler dès qu'un besoin se dégage, ce qui arrivera forcément dans l'année. J'ai vu les annonces pour recruter des contractuels en urgence

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au cours de l'année passée : clairement, ils n'ONT PAS assez de remplaçants. Mais le rectorat assure que si, alors, bon : tant pis pour moi, je vais prendre mon poste à 2h30 et ciao bye bye.

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Mais dans le même temps, ce secrétaire lâche aussi que "ce serait plus simple si madame Schnapp était en français ou en histoire."
Ah ?
Pas de problème. J'envoie aussitôt mon CV aux IPR de lettres de mon académie en leur demandant de devenir TZR lettres pour l'année 2024.

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J'explique dans mon mail les raisons qui me poussent à les contacter, je reconnais que c'est pas ma discipline mais j'argumente sur le fait que j'ai étudié une langue vivante, je glisse aussi que je VOIS les annonces pour recruter des contractuels de lettres à 30min de chez moi.

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Je mets mon IPR d'allemand dans la boucle, hop ça part.
Pas de réponse.
Puis une réponse.
Négative 🤡

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Un peu plus tard je téléphone à mon IPR d'allemand qui m'explique qu'il a soutenu ma demande pour intégrer provisoirement le vivier des TZR lettres, que les IPR de lettres étaient ok, mais que ce ne sont pas eux qui décident. https://t.co/SKr2KTp3n7.sont.pas.eux.qui.décident.

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Donc c'est le rectorat, encore. Pour quel motif ? Ah oui : on a personne pour me remplacer sur l'affectation à laquelle je ne me rendrai pas.

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Tout ça, ça se passe avant la rentrée. Le 30 août je vais voir mon médecin, je lui explique : il m'arrête. J'envoie l'arrêt à mon collège de rattachement en expliquant qu'il sera renouvelé jusqu'à ce qu'on trouve une solution puisque je ne peux physiquement et matériellement

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pas me rendre dans cet établissement.
On en est là depuis.
Je suis chez moi alors que j'ai lutté pendant 3 mois pour qu'on me trouve un poste et que je suis même allée jusqu'à proposer de changer de discipline afin de débloquer la situation.

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Quelques réflexions maintenant que l'histoire est racontée :
1. Oui, on sait, quand on est prof, qu'on peut être envoyé loin de chez soi. Il y a "loin" et "loin", en revanche. 2h30 de chez soi, c'est une obligation de déménager sans se soucier ni de savoir si c'est humainement

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possible (mon conjoint, j'en fais quoi ?), ni matériellement possible (ça coûte cher, qui paie ?)
1.a Théoriquement, quand ça fait déjà plusieurs années qu'on est loin de chez soi et qu'on a accumulé une fortune de points pour rentrer, bah… On devrait avoir le droit de rentrer

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C'est le service public, chacun prend sa part de la charge pour couvrir l'ensemble des besoins sur le territoire, j'estime avoir pris la mienne. Ça fait 8 ans que je suis prof, 8 ans que je suis loin. Quand est-ce que ça s'arrête ?

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2. Démissionner c'est une idée vraiment géniale, en soi je suis pour. Démissionner en juin pour retrouver un travail en septembre, en revanche : pas ouf / 10.

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2.a Et puis démissionner pour quelle raison exactement ? Moi j'ai fait le taff. Les 5 ans d'études, les concours, les 8 ans de contraintes ensuite. C'est pas moi le problème dans cette histoire, c'est pas à moi de me mettre docilement dans la merde parce que l'EN ne gère rien.

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3. Parce qu'effectivement, l'EN gère très très très très mal ses ressources humaines. Dans le contexte de pénurie actuelle, qu'est-ce qui peut réellement justifier qu'on laisse un enseignant qui veut/peut travailler chez lui ?

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Encore une fois, il n'y a de toute façon personne devant les classes que je suis supposée prendre.
Mais il n'y a personne non plus devant celles que j'ai proposé de prendre en lettres, même si c'était pas ma discipline. Le gain ? Nul.

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3.a Je remercierais d'ailleurs les collègues de lettres de ne pas attraper ma veste parce que j'ai proposé d'intégrer leur sainte équipe le temps d'une année sans être formée pour. Avec tout mon respect, je crois très sincèrement que pour une année ça aurait pu se tolérer.

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4. Je remercie également les chefs d'établissement qui m'ont fait un emploi du temps partagé sur deux établissements en tenant tout à fait compte du fait que j'habite à 2h30 de route. C'est donc bien pour ça que je bosse 5 j/5 avec une amplitude horaire maximale tous les jours 🥳

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En fait ce serait drôle si ce n'était pas dramatique.
Imaginez que j'y aille, réellement : 2h30 le matin, 2h30 le soir, tous les jours.

Combien de temps avant que je me plante sur la route ?
Combien de temps avant que je pète les plombs devant une classe ? La dangerosité pure.

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Donc non, je n'irai pas, c'est assez évident. En revanche je suis toujours dispo pour les remplacements (dans ma discipline, à ce stade ça ressemble à un doux rêve) ou en lettres si nécessaire. Call me, ô saint rectorat.

— Schnappi (@InfernoSchnapp) September 11, 2024