Thread : le ministre des Transports dans le business des voitures de luxe
Après la nomination hier d’Elisabeth Borne au poste de Première ministre en remplacement de Jean Castex, nous sommes maintenant tout proche d’un remaniement ministériel. Nous savons notamment d’ores et déjà que Jean-Michel Blanquer va quitter l’Education nationale, ce qui est un soulagement, et que le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ne rempilera pas non plus puisque nous avons appris hier, avant même sa démission, qu’il allait devenir administrateur de la start-up Hopium, constructeur de voitures à hydrogène de luxe. Le thread ci-dessous nous explique pourquoi c’est un problème.
Un thread de la journaliste Salomé Saqué
Pourquoi la reconversion du ministre des transports dans le secteur des voitures de luxe fait scandale. Thread.
(1/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Ce matin, la société Hopium a publié ce tweet, où l’on apprend que le ministre des transports (encore en exercice) devrait être nommé administrateur de cette entreprise.
(2/22)https://t.co/7mlCWpXHCC— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Hopium, comme l’expliquait cet article du Monde, produit des voitures à hydrogène haut de gamme qui affichent 500 chevaux de puissance et coûtent 120 000 euros pièce.
(3/22)
https://t.co/erUw8rKtSa— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Comme on le voit dans cette vidéo, le ministre avait déjà rendu visite à cette entreprise il y a quelques mois (2 fois en tout) en sa qualité de haut responsable politique, et l’avait publiquement soutenue.https://t.co/tXDq6ES4Fe
(4/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Jean-Baptiste Djebbari est d’ailleurs un fervent défenseur de l’hydrogène, et a contribué à ce que des fonds publics très importants soient attribués à ce secteur.
(5/22)https://t.co/12Mc4tX8bT— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Certains y ont donc immédiatement vu un conflit d’intérêt.
(6/22)https://t.co/SvP1k0viqv— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Mais de son côté, la @HATVP chargée d’examiner la compatibilité des nouvelles activités privées des anciens ministres a publié un « avis de compatibilité avec réserves ».
(7/22)https://t.co/vzRzwS0eHo— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Dans cet avis, on apprend notamment que la saisine remonte au 31 janvier. Le projet du ministre est donc loin d'être récent. Il préparait déjà sa reconversion en plein exercice de ses fonctions.
Avis à consulter ici en intégralité ⤵️https://t.co/alXd0Xl0Qn
(8/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Alors si rien n’est illégal a priori, pourquoi y a-t-il une polémique ?
⁰Car ces allers-retours entre le privé et le public, dans des domaines directement liés, laissent craindre des conflits d’intérêt.
Les responsables agissent-ils vraiment dans l’intérêt du collectif ?
(9/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Cette question se pose d'autant plus que ce n’est pas la première fois que le ministre est pointé du doigt sur cette question. Déjà en 2020 @Mediapart révélait qu’il avait été chef des pilotes de la compagnie aérienne luxembourgeoise Jetfly.
(10/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Une compagnie qui ne payait pas en France les cotisations sociales de ses pilotes qui y vivent. Le journal remettait alors en cause le ministre dans sa capacité à «défendre le modèle social français ».
(11/22)https://t.co/2d6BwmPEDr— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Le fait même qu’il ait travaillé de nombreuses années dans l’industrie aérienne posait problème dès son entrée en fonction selon certains observateurs, puisqu’une réduction des échanges aériens est absolument indispensable pour pouvoir limiter la catastrophe climatique.
(12/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Or, non seulement le ministre n’a en rien contribué à cela, mais ça a même été tout l’inverse, il a carrément promu ce secteur extrêmement polluant sur ses réseaux sociaux.
(13/22)
https://t.co/2LONohJd1Z— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Il s’est aussi ouvertement moqué d'une organisation de défense de l’environnement, comme @greenpeacefr dans ce TikTok par exemple : https://t.co/zyyVjAAMgV
(14/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Il avait également "recadré" le patron de la SNCF qui fustigeait l'importance du secteur aérien au détriment du ferroviaire.
(15/22)https://t.co/S6SFif1rMx— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
C’est d’ailleurs pendant qu’il était ministre des transports que 7 milliards d’euros ont été versés à Air France en pleine pandémie, sans qu’aucun virage écologique ne soit exigé.
(16/22)https://t.co/9n9CIIyEbP— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
L’occasion de rappeler qu’en matière d’écologie, l’hydrogène (domaine dans le ministre semble particulièrement investi donc) est lui aussi très controversé.
Pour en savoir plus :
(17/22)
— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Ce qui fait scandale, ce n’est donc pas la légalité, mais la moralité. Peut-on défendre l’intérêt public lorsque nos intérêts personnels sont dépendants du privé ?
Ces aller-retours entre le privé et le public ont été fréquents pendant le quinquennat d’E. Macron.
(18/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
E. Wargon, est devenue secrétaire d’État auprès du ministre de l’écologie, alors qu’elle était l'ex-directrice générale des affaires publiques de chez Danone, l’une des 25 entreprises françaises qui épuisent le plus la planète selon le @WWFFrance.
(19/22)https://t.co/FPPneTr1tR— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
B. Poirson est un cas emblématique : cadre chez Veolia (entreprise impliquée dans plusieurs scandales écologiques) elle devient secrétaire d’État auprès du ministre de l’écologie, puis retourne dans le privé chez le groupe Accor.
(20/22)https://t.co/iPwYZsgeyX— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Plus récemment, le député LREM M. Nogal n’a pas attendu la fin de son mandat pour devenir lobbyiste. Il a été nommé directeur général de l’Association nationale des industries alimentaires le 6 janvier dernier, soit 2 mois avant la fin de la session parlementaire.
(21/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Tout ceci pose une question très politique : celle de la porosité entre les responsabilités publiques et le privé. Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est dans notre intérêt collectif.
C'est à ce titre que l'on peut appréhender la polémique autour de J.-B. Djebbari.
(22/22)— Salomé Saqué (@salomesaque) May 16, 2022
Voilà, c’est la fin de ce thread très instructif. En voici un autre ici qui vous dresse le portrait de notre nouvelle Première ministre, Elisabeth Borne.
Commentaires 0
Rédigez votre commentaire