THREAD : Un après-midi au CDI
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Parfois, 140 caractères c’est insuffisant. Alors il y a les tweetstories (ou threads) : des histoires racontées en plusieurs tweets qui sont devenues un style à part entière sur Twitter.
Aujourd’hui, nous avons choisi de vous partager le thread de @RdmProjet qui nous parle d’un souvenir d’enfance : un après-midi pas comme les autres passé au Centre de Documentation et d’Information (CDI) de son lycée :
https://twitter.com/RdmProjet/status/953693478126604288
Ça se passe à 2 semaines de la fin des cours de Terminale, en gros on glande plus rien en cours, on se prépare juste pour les semaines de révisions et accessoirement le bac qui arrive juste après.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
On fout tellement rien que parfois, le prof du dernier cours de la journée décide d’être absent parce qu’il s’est cassé une jambe.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Comme dirait le vieux réac qui vit sur le palier d’en face, vraiment prêts à tout pour rien foutre, ces profs.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Alors j’aurais pu me lier à ma classe pour célébrer dans l’allégresse la chute de ce prof qui nous libère de nos obligations estudiantines à 14h un jeudi.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Vous savez ces manifestations de joie qui vous feraient croire qu’on vient d’exploser l’étoile de la mort et que tout le monde va recevoir une médaille.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Sauf Chewbacca, lui il se fait toujours avoir. C’est dégueulasse.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Et ben sur le coup, c’était moi Chewbacca, parce que contrairement à mes joyeux camarades, je faisais une option. Grave erreur.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Du coup, je me retrouvais à rien faire de 14h 17h, pour reprendre avec une heure d’italien européen, où on allait certainement regarder un film des années 60 parce qu’on avait fini le programme depuis un bail.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Alors j’ai rien contre Sophia Loren, mais à choisir je préfère mon lit.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Bon j’me dis que c’est pas si terrible, je vais traîner en ville avec mes camarades d’options en attendant. Sauf que mes camarades d’options, ils sont soit dans d’autres classes, soit rentrés chez eux.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Comme quoi le délire « on crée des liens forts dans l’adversité », mon cul, si l’adversité c’est une option, fais confiance à personne mon petit, la vie c’est la jungle et t’es comme Mowgli, en slip et personne parie sur ta survie.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Je balais donc les alentours du regard, à la recherche d’un allié, et par miracle j’en trouve un en la personne de Charles.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Charles c’est le mec que t’aurais envie de détester mais tu peux pas. La caricature du mec intelligent, beau-gosse, sportif, altruiste, avec une vie sociale accomplie et une scolarité modèle. Le genre de type, il fait allemand LV1 et il s’en sort. Et il a un t-shirt Doctor Who.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Me disant que j’aurais pu avoir une compagnie plus désagréable, je m’apprête à lui proposer d’aller se prendre un café en ville, mais il me précède avec un :
« Ça te dis qu’on aille bosser au CDI ? »Fichtre, en plus de ça il est raisonnable. Fait chier.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Contraint d’accepter, sous peine de passer l’aprèm seul, je le suis jusqu’au temple de la connaissance et des livres sur la révolution industrielle vue par les caribous , ouvrage passionnant mais que personne ne semble avoir lu depuis des lustres pour des raisons obscures.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Contraint d’accepter, sous peine de passer l’aprèm seul, je le suis jusqu’au temple de la connaissance et des livres sur la révolution industrielle vue par les caribous , ouvrage passionnant mais que personne ne semble avoir lu depuis des lustres pour des raisons obscures.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Alors que Charles sort ses affaires d’allemand, je m’attrape une revue scientifique et tombe sur un article parlant des techniques de chasse de la crevette pistolet, une espèce passionnante s’il en est.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
On est pas nombreux dans le CDI, en tout et pour tout 6 personnes.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
D’abord, on a Josiane, la documentaliste. Bien installée derrière son comptoir, elle est au téléphone avec un ami je suppose, ou bien sinon elle parle seule et c’est un peu triste. Enfin, pas vraiment seule, puisque tout le CDI peut profiter de sa conversation.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
En effet, Josiane fait partie de ces individus convaincus que s’ils n’hurlent pas à leur téléphone, le micro ne sera pas capable de capter la conversation. Et qui parlent lentement aussi.
Façon général De Gaulle pour résumer.
Sûrement un de ses modèles de jeunesse.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Avec nous, du côté des élèves, il y a 3 premières, travaillant sur un ordinateur, pour un travail de groupe qu’ils doivent, semble-t-il, rendre dans 1 heure. Jugez pas, on l’a tous fait.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Et puis il y a Charles, moi, les allemands et les crevettes pistolet à une autre table.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Tout se passe bien dans une tranquillité perturbée uniquement par les éclats de rire sporadiques de Josiane pendant une demi-heure, quand arrive le moment où cette dernière raccroche, son interlocuteur s’étant vraisemblablement lassé de ses histoires de vacances dans la Meuse.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Elle jette un coup d’œil au CDI, façon d’assumer son rôle de garde de ce lieu saint, et remarque enfin les 3 premières assis devant un ordinateur juste en face de son comptoir. Au bout d’une demi-heure donc. Une efficacité incroyable.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Et se lève donc telle une furie, et se dirige vers les 3 compères en déclarant, toujours dans la même discrétion et délicatesse que lors de son appel :
« Non mais vous là ! Vous vous croyez où, au café ? Arrêtez de parler, vous dérangez ceux qui travaille en faisant du bruit ! »— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
J’me dis qu’ils sont qu’il faudrait être drôlement bête pour penser que cet endroit est café, et que si c’était le cas, le service serait jugé déplorable. Mais je suis sortie de mes pensées par Charles, qui se lève soudainement et commence à ranger ses affaires.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Il met son sac sur son dos dans un mouvement svelte, regarde Josiane droit dans les yeux et lui balance : « La seule personne qui empêche les autres de travailler ici, c’est vous ! », et il se barre.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Je crois qu’il aurait fait un lâché de micro s’il en avait eu un, et s’aurait été drôlement classe.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
La documentaliste, touchée dans son orgueil, attend que Charles referme la porte du CDI, avant de lâcher dans son dos un petit : « De toute façon, ce genre de délinquants n‘est pas approprié à notre CDI ! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Alors là, 2 trucs me posent problème.
1- Si un mec sympa, qui a 19 de moyenne n’est pas approprié, qui l’est ?
2- C’est quoi cette mentalité de merde qui consiste à attendre que quelqu’un soit partie pour médire sur lui ?— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Du coup, cherchant des réponses à mes interrogations, je déclare, sans lâcher mon article des yeux : « Et mon cul, il est approprié ? »
Un vrai tug j'vous ai dit.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Josiane, semblant troublée, ce tourne vers moi et me dit : « Je vous demande pardon, qu’est-ce que vous venez de dire ? »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
La pauvre Josiane, en plus de sa mesquinerie maladive, semble touchée de surdité. Je répète donc : « J’ai demandé si mon cul était approprié ! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Elle s’approche de moi, et me sort d’un air sombre : « Et bien non, et je vous invite à quitter ce CDI ou bien je prends votre carte étudiant et je vous mets une observation. »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Ma maman m’a toujours dit : « Si un jour une personne fait semblant de te donner le choix en te menaçant, choisis toujours la menace. Non seulement il saura pas comment réagir, mais en plus ça va bien le faire chier ! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Ma maman, elle fait 1m52 et elle a déjà fait pleurer des mecs foutus comme TiboInShape juste avec des mots, donc quand elle dit un truc, on l’écoute.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Je sors donc ma carte étudiant, la tends vers Josiane avec un grand sourire et lui dis : « J’ai pas fini cet article, et les crevettes pistolet c’est drôlement passionnant ! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Là, Josiane semble pas comprendre ce qui se passe, et retourne derrière son comptoir avec ma carte, sur le cul. Comme quoi, ma maman a toujours raison.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Immédiatement, les 3 premières viennent me remercier et me féliciter, en mode : « Waou j’aurais jamais osé lui sortir ça, franchement bravo mec ! ».
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Alors d’un côté j’adore les compliments et ça flatte drôlement mon égo, et du coup j’essaie d’adopter une attitude de mec sûr de lui.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Mais de l’autre, je suis liquide à l’intérieur. Moi j’suis juste le ptit asiat qui dit jamais rien, toujours sage en cours, qui ai jamais eu de retard ou d’absence, et là je vais me prendre une observation !
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Et comme si ça suffisait pas, Didier, le collègue de Josianne, revient de sa pause déjeuner. A 15h20. Seems legit.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Alors je jette un coup d’œil discret de temps en temps par-dessus ma revue, façon inspecteur Colombo, pour voir ce qui se trame derrière le comptoir des documentalistes.
Mes fins sens de détective et quelques indices me font conclure qu’ils parlent de moi.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Les indices en questions, c’est Josiane qui me montre du doigt en tenant une carte étudiant.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
J’vous cache pas que quand Didier s’est approché de moi d’un pas décidé, certainement pour impressionner Josiane dans l’espoir de la pécho, ça faisait déjà 5 fois que j’avais relu l’article sur les crevettes.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Donc, Didier : « Jeune homme, je vais demander de quitter ce CDI. »
Déjà, le mec que je connais pas me tutoie, j’apprécie moyen. Mais bon je me souviens d’un conseil de mon papa.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Mon papa il a survécu à ma maman, donc quand il dit un truc, on l’écoute.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Moi, à Didier donc : « Mais on s’est entendu avec votre collègue, elle m’a mis une observation, en échange j’ai le droit de continuer à lire l’article sur les crevettes ! »
Didier : « Non mais ça marche pas comme ça, vous voy- »— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Moi : « Alors si en fait, ça marche tout à fait comme ça, c’est même la base d’une transaction. Un individu A et un individu B s’accordent sur des choses à échanger, ici l’autorisation de lire sur les crevettes contre une observation.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Une fois l’échange effectué, on ne revient pas sur ses termes pour demander plus, sinon c’est du racket, du vol quoi. »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Didier ne semble pas convaincu par mes théories économiques. Je savais que j’aurais dû faire ES.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Il me sort alors dans le plus grand des calmes : « Quitte ce CDI, ou on va chez le proviseur. »
Du coup je me mets à ranger mes affaires, et Didier adresse un sourire triomphant à Josiane. Ce soir, c’est sûr, il va pécho.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Le coupant en plein milieu de sa parade nuptiale, je lui lâche un petit « On y va ? »
Il se retourne vers moi, abasourdi. « On va où »
Moi : « Ben chez le proviseur. » Et non Didier, ce soir tu baises pas, déso pas déso.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Je me retrouve dans les couloirs, à ma droite Josiane, à ma gauche Didier, au cas où j’essaierais de m’échapper. Aucune chance, ils ont toujours ma carte étudiant, qui sert aussi de carte de cantine. Pas question de partir avant de la récupérer, c’est mon bien le plus précieux.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Ils m’amènent vers le bureau de la CPE.
Devant la porte, je ne peux retenir un : « Ah ! Finalement on va pas chez le proviseur ? »
Josiane me répond par un « Oh ça va ! » assez sec.
Je suppose qu’elle aussi, elle voulait pécho.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
On rentre dans le bureau de la CPE, qui à l’air de se demander pourquoi 2 documentalistes et un ptit lycéen qu’elle a jamais vu viennent foutre dans son bureau. Avant que Josiane ou Didier puisse placer un seul mot, je raconte toute l’histoire. Toute.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Après ce récit, ma foi bien moins intéressant que l’intrigue d’un épisode moyen de Totaly Spies, Josiane sort à l’intention de la CPE : « C’est intolérable, il nous a manqué de respect ! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Josiane : « Non, c’est votre camarade qui a commencé en me répondant quand je réprimandais les autres élèves! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
En gros, l’idée, c’est que dès que tu lâches une phrase, tu orientes la réponse de l’interrogateur. Comme ça on parle que de sujets qui te plaisent. Là, c’est Josiane et Didier qui m’interrogent, et j’ai pas révisé, va falloir la jouer fine.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Je rétorque : « Attendez, il faut dire que vous dérangiez tout le CDI en criant, vous pouvez comprendre que ça l’ai agacé. »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Josiane : « Il fallait bien que quelqu’un réprimande les élèves qui discutaient à l’ordinateur ! Tu voulais que je le fasse comment, en chuchotant peut être ?»
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Moi : « Déjà, ils chuchotaient et ne dérangeaient personne, et puis je ne sais pas si vous avez déjà entendu ce mot, mais il y a un concept intermédiaire qu’on appelle « parler ». Vous devriez essayer. »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
La CPE retient un rire. 1-0 pour moi. Du coup je rajoute :
« Et puis de toute façon, il est interdit de parler dans le CDI non ? Donc en fait si, vous devriez chuchoter vous aussi. »— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Josiane : « Mais tu crois que c’est si facile que ça de tenir un CDI ? »
Alors moi, j’suis un scientifique, je constate les faits : « Vu que vous avez besoin d’être 2 pour m’accompagner ici, je me doute bien que c’est en dehors de vos capacités de gérer 5 élèves seuls. »— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
La CPE pouffe, 2-0.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Josiane : « Non mais c’est pas la question, de toute façon, je connais le règlement et je le respecte toujours ! »
Moi : « Comme en passant une demi-heure à parler à voix haute au téléphone ? »— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Didier, sentant sa belle en détresse, vient à son secours tel Mario venu délivré Peach des griffes de Bowser : « Non mais tu crois quoi, que les adultes et les élèves ont les mêmes droits ? »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Maladroit de ta part, Didier, là t’as plus qu’une seule vie et tu viens de te jeter dans la gueule d’une plante piranha…
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Moi : « Liberté, Egalité, Fraternité. Je sais plus où j’ai entendu ça, mais penchez-vous sur le mot du milieu. Il insinue qu’un règlement s’applique à tous, peu importe son âge. »
Là, la CPE explose de rire, au grand désarroi de Josiane et Didier.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Du coup, Josiane nous sort : « Non mais de toute façon, j’ai pas de temps à perde avec ça, j’ai du travail ! »
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Sur cette déclaration, elle quitte la pièce en claquant la porte au nez de Didier, qui la suivait de près, et qui est donc obligé d’ouvrir la porte pour la claquer à son tour. Un ragequit IRL.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Là la CPE se tourne vers moi et me dit : « Tu sais, à leur âge, tu les changera pas, ils sont bien trop aigris pour ça… »
12-0 pour la CPE.— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Ensuite, elle a fait sauter mon observation et m’a filé un truc à boire. Comme quoi même quand je veux me la jouer thug, j’finis par boire un thé.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
Morale de l’histoire ; toujours écouter ma maman. Elle est trop forte.
— Random Project (@RdmProjet) 17 janvier 2018
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