Par Ptolomus 11/03/2017

Thread : la différence invisible

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Parfois, 140 caractères c’est insuffisant. Alors il y a les tweetstories (ou thread) : des histoires racontées en plusieurs tweets qui sont devenues un style à part entière sur Twitter.

 
Aujourd’hui nous mettons en avant la tweetstory de @SchneidRemarks qui a découvert par hasard le sexisme que les femmes subissent au quotidien dans leur travail. On a choisi de la traduire pour que tout le monde puisse comprendre de quoi il retourne, on vous laisse la découvrir :
 


Voici une petite histoire racontant comment @nickyknacks m’a appris en quoi il était impossible pour les femmes d’obtenir le respect qu’elles méritent dans leur vie professionnelle.


Nicole et moi avons travaillé pour une petite entreprise, et une plainte revenait régulièrement de notre patron : elle prenait trop de temps pour travailler avec les clients.


(Ce patron était un connard fétichiste de l’efficacité, mais c’est une autre histoire.)


Moi j’étais son supérieur et je considérais qu’il s’agissait là d’un problème mineur. À mes yeux, si je travaillais plus vite, c’est uniquement parce que j’avais plus d’expérience.


J’étais obligé de surveiller sans arrêt son travail pour le patron. On détestait tous les deux ça, et elle a vraiment essayé d’améliorer son efficacité.


Et un jour j’ai relancé un client par mail à propos de son CV, et il a été juste HORRIBLE. Malpoli, dédaigneux, ignorant mes questions.


Il me disait que ses méthodes suivaient les normes du secteur (ce qui n’était pas le cas) et que je ne comprenais pas les termes qu’il employait (alors que si).


Il était dans l’industrie du divertissement. Une industrie que je connais assez bien.


Bref, j’en avais marre de ses conneries, quand j’ai remarqué quelque chose : à cause de notre boîte de réception partagée, tous les messages que je lui envoyais étaient signés « Nicole ».


C’était avec Nicole qu’il était grossier, pas avec moi. Donc par curiosité je lui ai répondu « Hey, c’est Martin, je prends le relais sur ce projet ».


AMÉLIORATION IMMÉDIATE. Bons échanges, il était satisfait de mes suggestions et répondait rapidement, disant « excellentes questions ! » Il est devenu un client modèle.


Remarque : Ma façon de parler et mes conseils n’ont jamais changé. La seule différence est que je parlais en tant qu’homme.


Alors j’ai demandé à Nicole si cela se passait fréquemment. Sa réponse : « Hé bien, pas tout le temps… mais oui, souvent. »


Nous avons fait une expérience : pendant deux semaines, nous avons échangés nos signatures. J’ai signé tous les emails client “Nicole” et elle signait “Martin”.
C’était horrible.


J’ai vécu un enfer. Tout ce que je demandais ou suggérais était remis en cause. Les clients dont j’aurais pu m’occuper en temps normal les yeux fermés étaient condescendants. On m’a demandé si j’étais célibataire.


Nicole a eu la semaine la plus productive de sa carrière.
J’ai réalisé la raison pour laquelle elle était moins productive : elle devait sans cesse prouver aux clients qu’elle méritait leur respect.


Le temps qu’elle convainque un client de sa légitimité, je pouvais m’occuper de 2 clients.


Je n’étais pas meilleur qu’elle, j’avais juste un avantage invisible.


J’ai montré tout cela au patron et il n’y a pas cru. Je lui ai dit que c’était ok, mais de ne plus jamais critiquer sa productivité avec les clients.


Il a cédé là dessus même s’il a trouvé d’autres moyens de s’acharner sur nous. Mais ça, c’est une autre histoire.


Voici la chose qui craint le plus : pour moi, c’était choquant. Pour elle, c’était une habitude. Elle pensait juste que ça faisait partie de son travail.


(Je veux dire, elle savait qu’elle était traitée différemment en tant que femme, elle n’est pas stupide. Elle faisait juste avec.)


Bon, je sais jamais trop comment finir un thread sur Twitter, mais ouais. Ça craint, hein ?
 
C’est terminé.
Bonne journée.
 

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