Thread : la fameuse « apocalypse » de l’an 1000
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En histoire c’est bien connue, il y a une période particulièrement noire : le Moyen Âge. À cette époque, nos ancêtres étaient toutes et tous d’une saleté repoussante, d’une bêtise crasse et de tel(le)s demeuré(e)s qu’elles et ils auraient même régressé(e)s. D’énormes clichés que de nombreuses historiennes et de nombreux historiens se dévouent à casser régulièrement. D’autres cependant comme Franck Ferrand préfèrent raconter n’importe quoi, comme souvent
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Un thread de @AgeMoyen
Bon. Alors. Version simple : c’est faux.
Version plus étoffée : c’est totalement faux et, une fois encore, Franck Ferrand raconte n’importe quoi, reprenant volontairement de vieux clichés.
Un thread ⬇️! https://t.co/OpoUeSPsDn— Actuel Moyen Âge (@AgeMoyen) July 26, 2023
D’abord, notons que l’idée des « terreurs de l’an mil » n’est pas précisément un sujet complexe. La page wikipédia est claire et bien faite. Le médiéviste S. Gouguenheim a consacré UN LIVRE ENTIER au sujet, et c’était en 1999. Allez Franck, sérieux, un petit effort… pic.twitter.com/gcJECasmLq
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De quoi parle-t-on ? De l’idée selon laquelle les hommes et les femmes auraient eu peur de l’approche de l’an mil, vue comme la fin du monde. C’est ce qu’on appelle le millénarisme : le fait de penser que l’histoire allait se terminer mille ans après le Christ. pic.twitter.com/3j4dZoUUcT
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Le millénarisme existe bel et bien au Moyen Âge. Seulement, l’Eglise s’en méfie beaucoup : les grands conciles du Ve siècle ont officiellement condamné toute lecture littérale de l’Apocalypse, et les divers mouvements hérétiques sont régulièrement condamnés pour cette raison. pic.twitter.com/al13MLAam6
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D’ailleurs, vers 998, Abbon de Fleury, un des grands lettrés du temps, est catégorique : « on m'a appris que des prêtres dans Paris annonçaient la fin du monde. Ce sont des fous. Il n'y a qu'à ouvrir le texte sacré, la Bible, pour voir qu'on ne saura ni le jour ni l'heure. » pic.twitter.com/O0d1RA3Vof
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Revenons aux "peurs de l’an mil". Ferrand s’étend sur toutes les catastrophes qui ont entouré l’an mil : maladies, famines, faiblesse du roi, signes célestes, etc. Selon lui, elles auraient nourri une peur diffuse généralisée, "qui a duré plusieurs années". pic.twitter.com/FWRzE4wi20
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Comme toujours, la recette Ferrand c’est plein d’erreurs et d’à peu près. Non, en 997 il n’y a pas eu une épidémie de peste à Limoges 🤦♂️. Non, les religieux ne cessent pas de rappeler que tous les phénomènes annoncent l’Apocalypse, la preuve avec la citation d'Abbon plus haut… pic.twitter.com/besM28XtUX
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Et surtout : non, en 1000, les gens ne se sont pas mis d’un coup à courir en rond en hurlant « la fin du monde est proche ». Non, il n’y a pas eu d’attente effrayée. Pour l’immense majorité des gens, le millénaire est passé dans une totale indifférence. pic.twitter.com/x5TcecKU5s
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Certains religieux ont réfléchi à une prochaine fin du monde. Mais c’est vrai en 1097 lors de la prise de Jérusalem autant qu’en 1353 lors de la Peste noire. La peur eschatologique fait partie du christianisme (médiéval), et n’est pas plus vive en 1000 qu’à un autre moment. pic.twitter.com/AICC0I251h
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On cite souvent (et Ferrand le cite) Raoul Glaber, qui écrit que la fin du monde est proche, mais 1/ il écrit en 1050 (un poil tard pour l’an mil !), 2/ c’est un moine, qui lit donc le monde à travers un schéma biblique et 3/ à toutes les époques il y a quelqu’un qui écrit ça. pic.twitter.com/QDTsB6DkJ4
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Je le redis : PERSONNE N’A EU PEUR DE L’AN MIL. C’est simple : aucune source n’évoque des paniques populaires, ni même une inquiétude diffuse comme avait pu le croire à un moment G. Duby (que Ferrand cite deux fois). pic.twitter.com/KQGTTdVd4c
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Cette idée des « peurs de l’an mil » a été inventée en 1602, par un cardinal italien. C’est ensuite repris par plusieurs auteurs modernes puis par certains historiens du XIXe siècle, pour noircir le Moyen Âge. Significativement, Ferrand cite Michelet… pic.twitter.com/N5kCg2Ae28
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Depuis une trentaine d’années, on sait, avec certitude, qu’il n’y a pas eu de terreurs ni même de peurs de l’an mil.
Franck Ferrand raconte donc ici n’importe quoi, comme toujours. Les auditeurs de @radioclassique méritent mieux que ce bonimenteur qui multiplie les erreurs ! pic.twitter.com/8SjqgtLE17
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Regardez si on savait pas rigoler à l’époque :
