Quand la police voit rouge pour une bouteille de vin
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Le SCPN, un syndicat de police s’est indigné sur Twitter d’une étiquette de bouteille de vin vendue dans les magasins Carrefour. Celle-ci montrait en effet un dessin du caricaturiste Charb avec un policier alcoolique, le nez rouge et la phrase « le partenaire de mes bavures » au-dessus de lui. Selon le syndicat il s’agit bien évidemment d’une « insulte à une profession » et le groupe Carrefour est sommé de s’expliquer. Le vigneron a expliqué dans les journaux qu’il ne comprenait pas vraiment une polémique qui arrive maintenant alors qu’il commercialise cette bouteille depuis des années et que cette dernière représente pour lui l’esprit de Choron (le fondateur de Hara-Kiri, l’ancêtre de Charlie Hebdo). Il faut dire que l’ambiance est particulièrement tendue cette année chez les syndicats de police puisque l’un d’eux s’en était déjà pris à une bouteille de smoothie chez Monoprix qui portait le slogan ACAB (la marque avait d’ailleurs finalement retiré le produit).
J’accuse !
Devant la teneur du tweet, à la fois sentencieux et vindicatif, on s’attendait à une menace un peu plus grande qu’une étiquette de vin rouge. Les internautes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisque celui-ci a été tourné en dérision toute une partie de la journée d’hier.
1.
Vous avez acheté laquelle avant d'aller bosser, au final ?
— Mr. Kaiz (@MrKaiz) November 17, 2021
2.
G la même chez moi ! Très bon, le vigneron est un ami ! pic.twitter.com/cjFL60AIfO
— Amancio Tenaguillo y Cortázar (@marincazaou) November 17, 2021
3.
Ptdr les flics vous vous faites fact-check par le gorafi je sais pas si c'est possible d'être davantage humiliés
— elitistloser 🔻 (@elitistloser) November 17, 2021
Et la liberté d’expression ?
D’autres internautes ont justement fait remarquer que d’habitude la liberté d’expression ne gênait pas trop la police quant il s’agissait d’humour. Au contraire, dès que des unes de Charlie Hebdo étaient critiquées, ils brandissaient cette excuse pour tout expliquer.
4.
Téma ces wokes qui veulent imposer leur idéologie et leur censure. https://t.co/p8AGqwqpiz
— Guillaume feat. Poly (@MVCDLM) November 17, 2021
5.
pas très Charlie de vouloir censurer Charb https://t.co/DQrJlpGM0w
— John Marshall Bolt 🔩 (@marechalboulon) November 17, 2021
6.
Gros dilemme pour l'Intérieur: soutenir le syndicat des commissaires de la police nationale par corporatisme ou être Charlie en défendant Charb, qui signe l'étiquette… https://t.co/fQbOHtuZfR
— Jacques Pezet (@Jacques_Pezet) November 17, 2021
On est Charlie hé ho :
Devant les critiques, le syndicat a tout de même tenu à réagir avec une réponse empruntée, digne d’un écolier. Oui ils sont Charlie à 100%, à 1000% même mais là c’est juste pas pareil voilà.
7.
Tout ce qu'on constate, c'est que vous n'appréciez pas qu'on vous amalgame à des "flics alcooliques" tandis que de votre côté, ça ne vous dérange pas d'amalgamer les jeunes de quartiers populaires à des "racailles".
Vous êtes pris à votre jeu, comme on dit au Wokistan, "cheh".— Cisli (@xCisli) November 17, 2021
8.
"Nous avons de l'humour sauf quand on se moque de nous." https://t.co/f437KjZfYp
— Padre_Pio (@Padre_Pio) November 17, 2021
9.
Purée leur CM c'est vraiment l'officier Barbrady c'est pas possible https://t.co/zLmAPArxCG
— Son Of An Harki (@Kmeru78) November 17, 2021
L’histoire de l’étiquette :
Le journaliste Dominique Hutin explique d’ailleurs dans un mini-thread quelle est l’origine de cette étiquette ce qui met un peu de contexte et oblige à prendre un peu de recul vis à vis de cette « affaire »
10.
Cette étiquette fête ses 30 ans.
D'elle, je peux vous parler. Autant que de son histoire.
Elle est issue d'une épopée folle qui trouve ses racines en 1974, retracée par un livre pensé avec le vigneron Gérard Descrambe en 2018.
Suite ⬇️⬇️⬇️ https://t.co/jIMUTk1mXw— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
11.
Je commence par la fin : le vigneron fait dessiner ses étiquettes depuis 50 ans. Reiser d'abord en 1974, pour le millésime 1972.
C'est celle que j'avais à cœur de retenir pour la couverture. Elle est l'incarnation de Reiser.
Aucun mot, rien, juste un dessin jeté, une évidence. pic.twitter.com/9ajUeByhSj— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
12.
Puis Wolinski, fan de vin, qui avait compris que Reiser avait été payé "en liquide" pour son dessin (la version "commerciale" est un aperçu tronqué du dessin original) pic.twitter.com/MlLFMJwuD0
— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
13.
D'autres suivront, Carali, Cavanna, Charb (en 1991 donc), Choron, Gébé, Lefred-Thouron, Margerin,
Siné, Vuillemin, Willem… pour égrener rapidement l'alphabet
(ici, l'une de Gébé, arrivée le jour de… son enterrement) pic.twitter.com/krBoHJdO5Q— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
14.
Vous pouvez ne pas souscrire.
Mais il s'agit-là d'un pan de l’histoire de France, ancienne comme récente (Charb, Tignous, Wolinski, Cabu… Charlie hebdo) dans lequel se dissimule une anecdote, que raconte Gérard dans le bouquin : pic.twitter.com/o8xNpiHdWo— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
15.
"Tous les policiers – amis souvent – rencontrés et confrontés à l’étiquette ont pouffé de rire, et notamment le patron du commissariat de Libourne, œnographile (c’est-à-dire grand collectionneur d’étiquettes) […] "
— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
16.
"[…] qui, m’interrogeant du regard, m’entendit lui répondre : « Mais c’est bien vous sur la photo, non ?»"
Bref, détendez-vous.
À la vôtre.— Dominique Hutin (@hutin1v2v) November 17, 2021
En vrac :
On termine avec quelques tweets en vrac comme toujours, aussi bien des blagues que des réparties bien lancées.
17.
Moi qui suis nantaise, quel Carrefour city ? 😜 https://t.co/nWq6363rR5
— 𝑬𝒍𝒔𝒂 𝑮𝒂𝒎𝒃𝒊𝒏💫 (@Elsa_Gambin) November 17, 2021
18.
C'est vrai que c'est caricatural, beaucoup de bavures ne doivent rien à l'alcool ! https://t.co/pHOPWD9rQ7
— Rose de Berne (@RoseDeBerne) November 17, 2021
19.
à ce rythme là, on va bientôt interdire les DVD de Coluchepic.twitter.com/3tua4WncBH https://t.co/C8Szl0oohs
— Charli☀️🦎 (@CharliB97783485) November 17, 2021
20.
Comme quoi on peut parfaitement lacérer des tentes de réfugiés par -3º au petit matin sans broncher mais s’émouvoir d’un dessin sur une bouteille de vin.
Parce que sous cet uniforme un peu brut parfois se cache un petit cœur sensible. pic.twitter.com/zZTxE22JeU— Guillaume Blardone (@gblardone) November 17, 2021