e) La discussion sur les problèmes (réels) de l'Union européenne qu'on met en avant dans nos sociétés nous brouille la vue sur un élément essentiel. Nous sommes le miroir de la Russie. C'est en nous que le pouvoir russe se regarde, c'est contre nous qu'il se construit. 18/19
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 27, 2022
Je n'ai aucune recommandation à formuler; ce n'est pas mon métier. Je suis sociologue, mon analyse géopolitique a forcément des failles. Mais je pense que dans cette guerre, l'Europe a un rôle central. Au-delà de l'intervention militaire, nous sommes la ligne de front. 19/19 🧶
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 27, 2022
Je constate en cette journée de début de la guerre que beaucoup d'entre nous se raccrochent à des catégories familières. Rassurantes, mais trompeuses. Nous avons besoin de faire basculer nos schémas interprétatifs, car la situation l'exige. Quelques remarques rapides. 1/11
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022
1. "Poutine est fou."
Peut-être, mais peu importe, car nous avons surtout besoin de comprendre la rationalité interne de son action. Nous avons besoin de cerner l'étendue de son projet, de voir ses points saillants (l'Ukraine, et au-delà, les Etats-Unis, l'Occident) 2/11— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022
Nous avons besoin de prendre conscience que l'ambition du projet est globale, au-delà de l'Ukraine.
2. "Il ne va quand-même pas ?…"
Ce que l'attaque massive sur l'Ukraine nous apprend, c'est que le scénario le + radical, le + improbable, celui qu'on se refuse à voir… 3/11— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022
… est celui qui risque d'être mis en oeuvre.
Nos cultures politiques ont une aversion pour la radicalité. Nous ne croyons pas que le pire est possible. Sur un autre continent, peut-être, mais pas chez nous.
La Russie ne va quand-même pas NOUS attaquer? 4/11— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022
Le pouvoir russe actuel ne raisonne pas en termes de coûts et d'avantages. Il raisonne en termes de mission majeure. Voire d'ultime mission. La mission demande des sacrifices. Voire un sacrifice de soi. Attaquer un pays de l'OTAN serait suicidaire pour Poutine? 5/11
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022
Ne l'excluons pas pour autant. La mission-suicide fait partie de l'univers mental de cet ancien officier du KGB. Une fois de plus: jusqu'à maintenant, ce sont nos scénarios les plus catastrophistes qui se sont réalisés. 6/11
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022
3. "Attachement à l'Ukraine"; "nostalgie soviétique"; "volonté de reconstruire l'URSS"
Attention: écrans de fumée. La science politique nous apprend qu'en utilisant l'histoire, on parle avant tout du présent. Dire "Poutine veut reconstruire l'URSS", c'est se rassurer. 7/11— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) February 24, 2022