Thread : pourquoi les enseignants ont raison d’avoir peur d’une reprise le 11 mai
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Un thread signé @DonBTRL.
Halte au prof-bashing et essayons de mieux comprendre les enjeux d’une telle reprise :
Petite mise au point face à la déferlante de haine anti-enseignants orchestrée par les macronistes et l'extrème-droite -avec l'aimable assistance d’éditorialistes. (Je déteste devoir être pertinent sur touittère, mais vais me faire violence.) >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
Avant-propos : je n'ai pas à "aider Macron", j'ai à assurer la continuité républicaine (y compris quand elle est menacée par son gouvernement).https://t.co/Y571TnEQgt
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
1- N’en déplaise aux phantasmes typiquement droitiers, l’ensemble de la profession aimerait reprendre et nul ne rêve d’une « jonction confinement-vacances » :
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– la totalité de la profession a conscience de l’importance de son travail et des effets dramatiques de la déscolarisation sur nos publics les plus fragiles. J'oserai même dire que l'immense majorité des collègues ont un sens du devoir très, trop assimilé. >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– assurer un suivi pédagogique en devant intégralement rédiger ses cours (dans mon cas, trois niveaux de lycée) afin qu’ils soient présentables et compréhensibles tels quels, répondre aux mails/chats d’élèves, corriger des copies sur écran >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
et éventuellement organiser des cours en visio (forme assez discriminante socialement et pour une valeur ajoutée incertaine, d'ailleurs) représente une charge de travail (très) lourde pour une efficacité plutôt misérable. >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– être enfermé chez soi devant son ordinateur n’est pas des plus épanouissant ; l’intérêt de la scolarité et du métier résident largement dans sa dimension interactive et de socialisation. >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
2- TOUTEFOIS quiconque de lucide ayant fréquenté un établissement scolaire sait que la promiscuité et les mobilités en font une véritable boîte de pétri :
– les couloirs voient passer des flux intenses ; >— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– les politiques de suppressions de postes menées par M. Blanquer amènent à concentrer des effectifs pléthoriques dans des espaces restreints (densité souvent >1élève/m² dans les salles)
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– dans les grands niveaux, nous pouvons certes compter sur l’inertie adolescente pour respecter les gestes-barrières (et encore : sauront-ils résister à l'envie de se faire la bise ?!), mais ce sont également les classes les plus surpeuplées >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– dans les petits niveaux (ceux de Mlle X), les enfants touchent, bavent (…) et ont des actions proprement incontrôlables. >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
Par ailleurs, il faut envisager les mobilités amont, aval et d’intendance : les élèves ne se téléportent pas et sont bien souvent tributaires des transports en commun, lesquels sont de véritables boîtes à sardines pleins de germes. >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
Bref il faut renoncer à la très-louée « distanciation sociale ».
3- Cette inévitable promiscuité est évidemment problématique :
– pour les élèves dans ce grand brassage microbien ; qd b.même ils ne souffriraient que de troubles bénins ou seraient asymptomatiques pour la plupart ;— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– pour leurs familles ; par ricochets multiples
– en dernier lieu pour les enseignants –en particulier les collègues âgés, souffrant de troubles de santé e tutti quanti.
– en raison du risque accru de mutations au fil de la circulation du virus. >— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
4- Par conséquent, une rentrée ne serait possible qu’avec des aménagements importants des classes et du temps de travail (inspirées de celles du Danemark par exemple) :
– groupes-classes très restreints (10 élèves max.)
– organisation sur demies-journées >— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– mobilités entre les salles limitées au strict minimum
– interdiction de s’approcher des élèves et de leur cahier (pratique…)
– port du masque en permanence (très pratique pour faire cours)
– désinfection régulière des salles
– lavages de main réguliers par tous. >— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
5- Or ces modalités semblent difficiles à mettre en œuvre car:
– il est évident que, comme d’habitude, le ministère est dans l’impréparation la plus crasse, aussi…
– il va déléguer la mise en œuvre aux établissements, tiraillés entre passion zèlée et manque de moyens puisque : >— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– les toilettes sont rares (et oui… la mise aux normes handicapés a fait sauter un grand nombre de WC dans de nombreux établissements), plutôt malpratiques et mal équipées en savon ; >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– le personnel enseignant et BIATOSS sera en trop largement en sous-effectif pour assurer un l'encadrement du nombre de groupes nécéssaires et l'entretien permanent des locaux >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– les stocks de masques seront de toute évidence insuffisants (pour 12 millions d’élèves et 800000 enseignants…) >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– ces conditions augurent des conditions plus proches de la garderie que du cours et des effet (tant en terme d’acquisition de compétences/savoirs que socialement) douteux. >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
6- On peut s’interroger sur les raisons de l’engouement pour cet effet d’annonce dont les motifs ne sont de toute évidence ni liés aux besoins des élèves, ni à la situation sanitaire. Il s’agit, me semble-t-il :
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– de fournir une garderie pour permettre le retour des parents à leur activité professionnelle (ce qui, d’un point de vue économique est légitime mais est un grave (et insultant ?) contresens sur les fonctions de l'école) ; >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– d’apaiser l’opinion publique sur l’idée que les enseignants ont bénéficié de « vacances » sans être réduits au chômage partiel (alors même qu'il a été montré et démontré qu'ils sont sur le pont (cf point 1)) >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
– et, peut-être de susciter une réaction des enseignants (dont l’argumentaire est tronqué) afin de pouvoir les livrer à une forme de vindicte permettant de rehausser l’image écornée du ministre Blanquer (et s’opposer à l’avenir à la revalorisation des traitements…) ? >
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
Conclusion (évidente) : cette annonce poursuit des buts clairement politiciens et son traitement médiatique est un travestissement de la réalité.
Nulle « fainéantise » ou « corporatisme » de la part des enseignants, qui préféreraient évidemment pouvoir faire leur travail dans >— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
des conditions normales (c’est-à-dire déjà dégradées, mais ceci est un autre débat) mais une lucidité quant à la capacité du ministère à préparer avec intelligence une reprise dans des conditions pertinentes et suffisamment sures pour les élèves et leurs familles.
— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020
A vous, les studios. Désolé d'avoir été aussi long. J'ai essayé de tenir un propos pertinent (ce qui ne m'est pas aisé) et ne prétends pas à l'exhaustivité.
Dans l'espoir de pouvoir reprendre, amitiés aux collègues, la baffe aux éternels contempteurs des professeurs.— Brice ̓Ροζιὴ-Λαπέρρωζας (@DonBTRL) April 16, 2020