Thread : l’accueil à deux vitesses des Ukrainiens en France
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Après plus de 100 jours de guerre, on dénombre plus de 14 millions de déplacés Ukrainiens dont 3 millions d’enfants. Ces personnes ont dû quitter leurs foyers et tout laisser derrière eux. En outre, l’accueil qui leur est réservé en France est à géométrie variable.
Un thread de @palais_au
Face à l’arrivée des réfugiés fuyant la guerre en Ukraine, @EmmanuelMacron déclarait «cette fraternité est notre dignité collective» et affirmait que la France prendrait sa part, en leur octroyant le bénéfice du système protection temporaire.
Je vais vous raconter 3 histoires⬇️
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
NDLR : arménienne*
L est roumaine mais vivait en Ukraine depuis 17 ans.
Après des études d’économie, elle y avait un commerce de produits cosmétiques.Elle y avait construit sa vie avec son mari, ingénieur, malheureusement décédé dans un accident en 2017.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
H, la fille de L, est arrivée en Ukraine à l’âge de 7 ans.
Elle y a passé son bac puis suivi des études à l’école de musique.
Elle y enseignait la musique et donnait des concerts.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
H et L n’ont plus aucune famille en Arménie.
H et L vivaient paisiblement ensemble dans leur appartement de Kiev lorsque les bombardements ont commencé.— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Le 24 février 2022, elles ont dû se réfugier dans une cave, où elles ont vécu durant 10 jours avec leurs voisins, dormant sur des chaises, attendant fébrilement la fin des bombardements.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Dix jours d’horreur et d’angoisse à l’issue desquels elles ont réussi à être exfiltrées vers la Pologne puis la France.
Elles ont tout perdu.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Arrivées en France, d’abord prises en charge et munies d’un récépissé provisoire de demandeurs de protection temporaire, elles ont cru pouvoir bénéficier de cette protection promise par la France aux réfugiés de la guerre en Ukraine.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Or, il y a quelques jours elles se sont vu notifier un refus de protection temporaire et ont été purement et simplement mise à la porte de l’hôtel où elles avaient logées à leur arrivée dans ce cadre.
Elles sont aujourd’hui à la rue.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
NDLR : arméniennes*
Parce qu’elles ne sont pas de nationalité ukrainienne mais roumaines.
Peu importe que les bombes tombées sur Kiev ne différencient pas les victimes de guerre en fonction des nationalités
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
C’est aussi l’histoire de T. et de sa mère H. vivant depuis 34 ans en UKRAINE.
T. en a 32, arrivé à 2ans dans le pays.
Ils travaillaient, étaient propriétaires.
H exploitait un restaurant avec son mari, décédé en 2020.— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Quand la guerre a commencé, T. a décidé d’emmener sa mère en France pour la mettre à l’abri.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
H. a un 2nd fils, marié et père d’une petite Émilie.
Son épouse est ukrainienne ; Emilie l’est aussi.
Ceux-ci souhaitent rejoindre H et T en France afin que la famille soit réunie.Mais H et T se sont vu refuser la protection temporaire et inviter à quitter l’hôtel dans 5jours.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
C’est l’histoire d’une troisième famille.
V. a la trentaine.
Il était médecin en Ukraine, où il avait suivi toutes ses études.
Il était en train de passer sa spécialité pour devenir chirurgien.
Il vivait dans l’oblast de Zaporijia, qui a été lourdement bombardé— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
La ferme et l’entreprise de sa famille ont été réduites à néant par les bombes et les réquisitions de guerre.
Il a quitté l’Ukraine sous une pluie de bombe et s’est retrouvé en Pologne, avec ses parents.— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Là, ils ont été orientés vers la France et sont arrivés en Normandie.
Dans un premier temps ils ont été accueillis au guichet « Ukraine », on leur a remis des documents provisoires pour leur donner le droit de séjourner et d’en justifier.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Mais début mai, alors que la famille peine à se reconstruire après cette fuite de la guerre et la perte de tout ce qui faisait leur vie, le préfet leur refuse à son père et à lui, le bénéfice de la protection temporaire.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
La raison ?
Bien qu’il ait vécu toute sa vie en Ukraine, qu’il y ait fait ses études et construit ce qu’on appelle « le noyau de sa vie privée et familiale », il n’est pas de nationalité ukrainienne.
Il est arménien, pourtant titulaire d’un titre de séjour permanent en Ukraine.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
Il n’a pas d’attache en Arménie.
Il s’est retrouvé, sous les bombes, parmi le flot des réfugiés fuyant les combats.
Le préfet estime pourtant que la différence de nationalité suffit pour le traiter différemment d’un réfugié ukrainien et de ne pas bénéficier de protection.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
En France, on différencie les réfugiés d’Ukraine, en fonction de la nationalité figurant sur leurs papiers.
Peu importe, là-bas, les bombes qui s’abattent indifféremment sur tous les habitants.
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022
L et H sont arméniennes.
Pas roumaines.
Coquille matérielle à un moment dans un des tweets de mon récit.
Je corrige.— AuPalais (@palais_au) June 4, 2022