Par TwogFr 27/06/2013

Typologie approximative de Twitter (Chapitre II)

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Suite du chapitre premier de la psytwanalyse de la twittosphère par notre contributeur @Karim_Boukercha. Vous reconnaîtrez-vous dans ce deuxième opus ?

 
typo-twitter
 

Les spectateurs

Ils sont très nombreux, ils regardent mais ne parlent pas. C’est la masse invisible. Ils suivent le mouvement un peu comme des mouettes suivant un chalutier barré par un pigeon. Le spectateur est là, regard plus affûté que son clavier, il attend son heure comme Jean-Claude Dusse. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

L’homme RSS

C’est simple, il est mi-homme mi-flux RSS. Il publie de façon automatique afin de montrer que son compte vit. Ça lui permet de dire  qu’il est « actif sur les réseaux sociaux ». C’est un mec 2.0, mais plus proche du zéro que du deux. Très souvent, l’homme RSS découvre l’information qu’il a partagé (automatiquement) après publication sur sa timeline. C’est l’une des rares personnes à utiliser Paper.li.

Hashtag man

On a tous dans notre timeline une personne s’exprimant qu’avec des hashtags. Au début tu es conciliant car tu crois naïvement que cette personne est bègue ou qu’elle souffre d’une allergie cutanée à la syntaxe. Six mois plus tard, tu as toujours du mal avec ses tweets à trous. Il hashtag tout et n’importe #quoi, #matin, #midi et #soir.

Le journaliste

Le journalisme sur les réseaux sociaux se divise en trois catégories : ceux qui font du “LOL”, la vieille école (les journalistes avec de la calvitie) et les étudiants.

Quand un journaliste papier ou télé écrit ou dit une connerie :

– les journalistes “LOL” (ils sont souvent jeunes) ironisent

– les étudiants en journalisme et pigistes (ils sont souvent vieux) emboîtent le pas pour donner des cours de déontologie professionnelle aux vieux journalistes avec 30 ans de carrière au compteur.

Les meilleurs étudiants se démarquent par leur capacité à attaquer équitablement les journalistes dits “classiques” et les journalistes “LOL”.

Une ou deux fois par an en moyenne, Twitter devient le théâtre de débats animés sur l’avenir du journalisme qui n’intéressent finalement que les journalistes.

La groupie du journaliste

(Copyright Michel Berger, je veux pas d’emmerdes)

“Elle fout toute sa vie en l’air

Et toute sa vie c’est pas grand chose

Qu’est-ce qu’elle aurait bien pû faire

À part rêver seule dans son lit

Le soir entre ses draps roses

La groupie du Journaliste”

Twitter est tellement puissant qu’il rend Edwy Plenel, pâle sosie de Mario (Bros), sexy.

Le veilleur (ne pas confondre avec les puceaux de la @Manifpourtous)

Son nombre d’abonnements est à 4 chiffres. Il suit tout ce qui a une apparence humaine ou un logo. Il partage sa veille, retweete. Il parle peu, le veilleur n’est pas bavard. C’est un peu l’autiste de ta timeline, il observe mais ne parle pas. Tu ne sais donc pas ce qu’il pense et il s’en fout royalement.

L’ambassadeur du franglais

Il va discrètement placer un ou deux mots anglais dans ses publications. Amateur de néologismes professionnels et fataliste face à l’hégémonie de l’anglais, il parle franglais “ASAP”. C’est le K.Maro de ta timeline chantant “femme like you”, 3 mots – 2 langues en moyenne.

L’usager de la SNCF désabusé

Il est ulcéré par les retards et les enfants dans sa rame. Sur le trajet, il partagera quelques petites descriptions moqueuses de ses voisins de voyage quand il ne se plaindra pas de la couverture réseau de son opérateur mobile ou encore de l’odeur de la vieille derrière. Une fois que les enfants de la rame dorment, il « twipic » une photo complètement floue d’un champ depuis un TGV lancé à pleine vitesse. Frénésie de la fast life.

Le Massimo Gargia 2.0

On ne sait pas trop ce qu’il fait réellement dans la vie. Il ne s’exprime que pour annoncer qu’il est invité aux soirées les « plus courues de Paris » et qu’il rencontre plein de gens sympas et talentueux.

Sur les réseaux, il a le train de vie de Paul-Loup Sulitzer mais en réalité il bosse dans un fast-food. Sa seule vraie richesse est constituée à 90% de badges Foursquare.

L’homme Abribus

Il cite toutes les marques qu’il croise dans sa journée en espérant un peu de reconnaissance. Sa vie est une immense coupure pub. Il pratique le “name dropping” mais avec des marques. Ça donne un truc du genre :

“Merci à @Orangina pour la soirée #VIP. À @EDF pour l’élec, à la @SNCF pour le retour et à @Moltonel pour la fin de soirée agitée. #VillaSchweppes”

Le « twitto » fragile

 Le processus de massification qui caractérise les réseaux sociaux ces dernières années a engendré un phénomène social intéréssant, la mise en exergue des moments du quotidien sans intérêt.

En lisant ses tweets tu te prends soudainement pour Cookie Dingler chantant « Ne le laisse pas tomber, il est si fragile. Être un twitto libéré, tu sais c’est pas si facile » avant de revenir à la raison et entamer une partie d’Angry Birds.

Qui s’intéresse réellement à ses états d’âme ou à son plat de pâtes trop froid ? Personne. La différence entre un follower et un psychologue réside dans la facturation. Pourquoi travailler gratuitement ?

L’élitiste

L’élitiste ne “livetweete” pas les programmes populaires, il préfère Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau (le père de Carole et Stéphane Rousseau) à Confessions Intimes. Il ne regarde pas la télé car c’est débile mais tweete quand même pour dire qu’il n’est pas devant la télé. Il oppose sa vivacité d’esprit et sa culture à la paresse intellectuelle de la plèbe à chaque émission. Le rejet automatique de la culture populaire sur Twitter est un peu ses 5 fruits et légumes quotidien.

Le compte parodique

Créer un compte parodique, pourquoi pas. Mais quel est l’objectif d’un compte parodique pas drôle ? Quelle misère sociale pousse une personne à créer un compte parodique de Jean Roucas, @Roucasserie ?

Mais il y a plus con que les comptes parodiques, les gens qui les prennent au sérieux.

Le donneur ou la donneuse de leçon

Ils n’attaquent jamais de front, sans doute par politesse. Ils préfèrent dénoncer le comportement et propos de certains à travers une série de tweets acerbes en précisant bien « qu’ils ne visent personne en particulier« . C’est du courage en version allégée, sans matière grasse.

L’amateur de néologismes

Il est facilement reconnaissable car il commence tous ses mots par « twitt ». Il ne va à l’apéro, trop has-been, il préféra le twittapéro beaucoup plus branché avant d’aller à son Twunch (RDV de plusieurs Twittos dans un Flunch). Il ne raconte pas d’histoire, il fait une twittstory. Il ne prend pas des photos, il twitpic ou instagram, nuance. Parfois, ils s’y mettent à plusieurs pour inventer des sites parlant de Twitter et sa communauté, comme avec Twog.fr.

L’humoriste professionnel pas drôle

L’épreuve des 140 caractères est impitoyable pour les humoristes professionnels. Rares sont ceux qui utilisent Twitter correctement, entre ceux qui ne sont déjà pas drôles sur scène et ceux qui postent des messages digne d’une émission de Jean-Luc Reichmann ou de Tex, y’a du boulot.

Fin du chapitre II

Chapitre III, suite et fin

Commentaires 1

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Pierre (invité)

Le 27/06/2013, à 21:16

Vraiment Drôle car très vrai !
Juste le "ne pas confondre avec les puceaux de la @Manifpourtous" qui m'a fait avoir un sourire crispé, ça change de l'apparente objectivité du reste et ça gâche le tout, simple avis personnel.

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